Acte II - Scène XI
(LES MÊMES , AMÉLIE , NU - TÊTE , MAIS HABILLÉE D ' UN MODESTE PETIT COSTUME TAILLEUR QUI LUI VA TANT BIEN QUE MAL .)
AMÉLIE(surgissant du cabinet de toilette juste pour assister aux épanchements du couple et s'arrêtant, interdite. )
Oh ! monseigneur ! je vous demande pardon !
(Elle fait mine de rebrousser chemin.)
LE PRINCE(se remettant sur son séant. )
Hein?… du tout, du tout ! (Du ton le plus naturel en indiquant de la main droite, comme une justification, Charlotte qu'il tient toujours enlacée.)
Je… je vous attendais. (Faisant pivoter Charlotte, et lui donnant une bonne claque sur la hanche.)
Allez ! déguerpis !… la bonne !
CHARLOTTE(ahurie. )
Ah !… eh bien, en voilà une girouette !
(Elle sort par le fond.)
AMÉLIE(s'avançant vers le prince et avec une pointe d'ironie. )
Je crains, monseigneur, de vous avoir dérangé.
LE PRINCE
Du tout ! du tout !… Comme vous dites en France: je pelotais !… en attendant partie.
AMÉLIE(faisant un pas de plus vers le prince. )
Bravo ! Votre Altesse possède notre langue !
LE PRINCE(émoustillé. )
Ah ! taisez-vous ! ne me dites pas des choses ! (Toujours assis sur le lit, tendant la main gauche vers Amélie.)
Tenez ! venez là !
AMÉLIE( mettant sa main droite dans celle du prince et faisant en même temps la révérence de cour. )
Par obéissance, monseigneur !
LE PRINCE
Oh ! mais pourquoi avez-vous mis ce costume !
AMÉLIE
Il ne me va pas très bien.
LE PRINCE
Mais pourquoi?
AMÉLIE
Mais, monseigneur, c'est vous qui m'avez dit… !
LE PRINCE
Eh ! Pour l'essayer, donc ! mais ensuite… ! Ah ! Vous étiez plus confortable tout à l'heure ! Enfin !… mieux vaut, peut-être, progressivement !… (Brusquement, la faisant asseoir sur son genou gauche.)
Oh ! mon bébé ! alors, quoi?
AMÉLIE(souriante et gênée. )
Mais, monseigneur… rien !…
LE PRINCE
Je suis le prince de Palestrie.
AMÉLIE
Je sais.
LE PRINCE
Alors, quoi? Mon bébé !…
AMÉLIE(riant. )
Eh ! ben… voilà !
LE PRINCE(ravi. )
Elle est charmante ! Elle est charmante ! (Changeant de ton.)
Qu'est-ce que je disais donc ?
AMÉLIE
Monseigneur disait: (Imitant l'accent et la grosse voix du prince.)
Alors quoi ? Mon bébé !
LE PRINCE(riant très fort. )
Ah ! Oui ! Mon bébé, alors quoi?
(Ils rient ensemble.)