L’histoire se déroule au XVIIe siècle à Paris. Cyrano de Bergerac, poète et bretteur gascon aussi brillant qu’excessif, est connu pour son panache, son esprit et… son nez hors du commun. Amoureux de sa cousine Roxane, il n’ose lui avouer ses sentiments, convaincu que sa laideur physique le rend indigne d’être aimé.
Roxane, belle et cultivée, confie à Cyrano qu’elle aime un jeune cadet, Christian de Neuvillette. Par amour pour elle, Cyrano accepte d’aider Christian, moins éloquent que lui, à conquérir son cœur. Il prête à Christian ses mots, écrivant à Roxane des lettres enflammées qu’elle croit venir du jeune homme. Ainsi s’installe un triangle amoureux fondé sur la beauté et l’esprit mêlés.
Christian et Cyrano partent à la guerre contre les Espagnols. Sur le champ de bataille, Roxane rejoint le camp des cadets, émue par les lettres « de » Christian. Celui-ci comprend alors la vérité du cœur de Roxane, qui aime avant tout la beauté des mots — celle de Cyrano. Peu après, Christian meurt, laissant Cyrano taire sa souffrance et son secret.
Quatorze ans plus tard, Roxane vit retirée dans un couvent. Cyrano, fidèle à son panache malgré la pauvreté et la maladie, vient la voir chaque semaine. Un jour, mortellement blessé, il lit à voix haute l’une des lettres qu’elle croit de Christian ; Roxane comprend enfin qu’il en était l’auteur. Cyrano meurt dans la lumière du couchant, fidèle à son idéal de courage et d’amour pur.
Cyrano de Bergerac – Poète, soldat et philosophe, fier et sincère, célèbre pour son panache et son grand nez.
Roxane (Magdeleine Robin) – Cousine de Cyrano, belle et spirituelle, incarnation de l’amour idéalisé.
Christian de Neuvillette – Jeune cadet séduisant mais timide, qui devient la voix de Cyrano dans le jeu de l’amour.
Le comte de Guiche – Puissant noble et rival, amoureux de Roxane, mais qui finit par respecter Cyrano.
Ragueneau – Pâtissier poète, ami fidèle de Cyrano, représentant du monde des artistes.
Le Bret – Ami et confident de Cyrano, homme de raison et de loyauté.
L’amour idéal et le sacrifice
Le pouvoir des mots et de la poésie
La beauté intérieure opposée à l’apparence
L’honneur, le courage et le panache
Le double jeu entre vérité et illusion
Registre lyrique et tragique : exaltation des sentiments, grandeur du sacrifice et fin poignante.
Registre comique : jeux de mots, tirades brillantes, scènes d’esprit et d’escrime.
Style versifié : pièce écrite en alexandrins rimés, mêlant poésie et théâtre héroïque.
Langage riche et expressif : figures de style abondantes, rythme oratoire, alternance d’humour et d’émotion.
Edmond Rostand célèbre l’idéal romantique : le triomphe de la beauté morale sur la beauté physique.
Il valorise la sincérité, la noblesse de cœur et le courage individuel face aux compromis sociaux.
Le « panache » devient symbole de dignité et de liberté : agir avec fierté, même dans la défaite.
Pièce écrite en 1897, en pleine période naturaliste, Rostand réintroduit le romantisme héroïque au théâtre.
Inspirée d’un véritable poète du XVIIe siècle, Savinien de Cyrano de Bergerac, figure d’écrivain libre et original.
Dans un contexte de fin de siècle marqué par le pessimisme, la pièce offre une vision exaltée de l’honneur et de la beauté.
Pourquoi Cyrano choisit-il de taire son amour pour Roxane ?
Comment la pièce illustre-t-elle le pouvoir de la parole et de la poésie ?
En quoi Cyrano incarne-t-il la notion de « panache » ?
Comment Rostand mêle-t-il comédie, tragédie et héroïsme dans cette œuvre ?
Que révèle la scène finale sur la véritable nature de l’amour selon Cyrano ?
Pourquoi Cyrano choisit-il de taire son amour pour Roxane ?
Par lucidité et par abnégation : convaincu que son nez le rend indigne d’être aimé, il craint le ridicule. Il protège aussi le bonheur de Roxane en aidant Christian, et fait primer son idéal d’amour désintéressé sur son désir personnel.
Comment la pièce illustre-t-elle le pouvoir de la parole et de la poésie ?
Les mots de Cyrano séduisent (lettres à Roxane, scène du balcon), galvanisent (tirades, panache), et transforment la réalité (duel « en ballade », maintien du moral aux cadets). La beauté verbale supplée la « beauté » physique et devient force d’action.
En quoi Cyrano incarne-t-il la notion de « panache » ?
Par la bravoure et l’élégance morale : il refuse les protecteurs, défie Montfleury, improvise en duel, demeure fidèle à ses principes et à Roxane, et meurt sans renier sa liberté d’esprit—« mon panache », dernier bien qu’il sauve.
Comment Rostand mêle-t-il comédie, tragédie et héroïsme ?
Comédie : jeux d’esprit, tirade du nez, scènes chez Ragueneau. Tragédie : quiproquo amoureux, mort de Christian, révélation trop tardive. Héroïsme : siège d’Arras, courage solitaire de Cyrano. Le mélange produit une épopée sentimentale à la fois drôle et poignante.
Que révèle la scène finale sur la véritable nature de l’amour selon Cyrano ?
Que l’amour vrai repose sur l’âme et la parole plus que sur l’apparence : Roxane reconnaît enfin l’auteur des lettres. Mais cette vérité, conquise trop tard, donne à l’idéal un prix tragique—la fidélité et la noblesse priment la possession.