Le Horla, nouvelle fantastique de Guy de Maupassant publiée en 1887, se présente sous la forme d’un journal intime. Le narrateur, un homme cultivé vivant seul près de Rouen, raconte jour après jour la dégradation de son esprit face à des phénomènes étranges et inexplicables. Tout commence par un sentiment diffus d’angoisse : il se sent observé, dominé par une présence invisible qu’il finit par nommer « le Horla ».
Progressivement, cette entité semble prendre possession de lui. L’homme ressent une force étrangère qui le prive de sa volonté, boit son eau et son lait pendant la nuit, et manipule son esprit. Le narrateur oscille entre lucidité et folie, cherchant désespérément à comprendre s’il est malade ou réellement victime d’un être surnaturel.
Terrifié, il tente de se libérer en enfermant le Horla dans sa maison et en y mettant le feu. Mais l’incendie tue ses domestiques et il n’est pas sûr que la créature ait péri. Dans un dernier sursaut de désespoir, il conclut qu’il ne lui reste qu’une issue : se donner la mort pour échapper à son maître invisible. L’œuvre s’achève sur cette vision tragique et troublante d’une humanité impuissante face à des forces qui la dépassent.
Le narrateur : homme cultivé, rationnel et solitaire, dont la folie grandit au fil du récit ; il représente l’homme moderne, en proie à la peur de l’invisible.
Le Horla : être immatériel, invisible, symbole de la domination de forces surnaturelles ou psychiques sur l’esprit humain.
Les domestiques : témoins impuissants des troubles de leur maître, symbolisent la distance entre le fou et la société.
Le médecin : représentant de la science, incapable d’expliquer le mal qui ronge le narrateur.
La folie et la perte de la raison.
La peur de l’invisible et du surnaturel.
La domination d’une force supérieure sur l’homme.
Le doute entre réalité et hallucination.
La solitude et la fragilité psychique de l’être humain.
Le progrès scientifique et ses limites face au mystère de l’esprit.
Registre fantastique dominant, mêlant réalisme et surnaturel.
Forme du journal intime, favorisant l’immersion dans la conscience du narrateur.
Style nerveux, ponctué d’exclamations et de répétitions, traduisant la montée de la folie.
Descriptions précises et sensorielles de la nature, contrastant avec la confusion mentale du personnage.
Usage du monologue intérieur et du champ lexical de la peur et de la maladie.
Maupassant explore les limites de la raison et la fragilité mentale de l’homme moderne.
Le Horla symbolise la part inconnue de notre esprit, ce double invisible qui échappe à la conscience.
L’auteur interroge la place de l’homme face à des forces naturelles ou psychiques qu’il ne peut ni comprendre ni maîtriser.
À travers cette œuvre, il exprime aussi sa propre angoisse existentielle et les prémices de sa maladie mentale.
Écrit à la fin du XIXᵉ siècle, dans un contexte de progrès scientifique et de fascination pour la psychiatrie et l’hypnotisme.
Maupassant, atteint de troubles psychiques (syphilis cérébrale), transpose dans le récit sa propre peur de la folie.
Le naturalisme se mêle ici au fantastique, témoignant du doute de l’époque face aux frontières de la science et de l’invisible.
L’œuvre s’inscrit dans une période où l’homme croit maîtriser le monde, mais découvre sa vulnérabilité intérieure.
Quelle est la fonction du journal intime dans le récit ?
Comment Maupassant entretient-il le doute entre folie et surnaturel ?
Que symbolise le Horla dans l’œuvre ?
Pourquoi le narrateur en vient-il à se suicider ?
En quoi Le Horla reflète-t-il les angoisses de son époque ?
Le journal intime permet de suivre la lente dégradation psychologique du narrateur et de vivre sa folie de l’intérieur.
L’auteur entretient le doute en mêlant des observations réalistes (médecins, objets, lieux) à des phénomènes inexplicables.
Le Horla incarne la part obscure de l’esprit humain, le double invisible qui domine la conscience et symbolise la perte de contrôle.
Le suicide apparaît comme le seul moyen de se libérer de cette emprise invisible et inévitable.
L’œuvre reflète les inquiétudes fin-de-siècle : peur de la folie, des forces invisibles, de la science et du progrès incontrôlé.