Résumé
L’Apologie de Socrate, rédigée par Platon vers 399 av. J.-C., rapporte le discours que Socrate prononça devant le tribunal d’Athènes pour se défendre des accusations d’impiété et de corruption de la jeunesse. Ce texte fondateur de la philosophie occidentale présente un homme fidèle à sa conscience, prêt à mourir plutôt qu’à renoncer à sa mission morale et intellectuelle.
Socrate y répond d’abord à ses anciens détracteurs, qui l’accusent depuis longtemps de s’intéresser à des sujets interdits et de mépriser les dieux de la cité. Il montre que ces préjugés viennent de sa méthode d’examen critique et de sa quête de vérité. Il raconte l’épisode de la Pythie de Delphes déclarant qu’il est le plus savant des hommes, car il sait qu’il ne sait rien : c’est le fondement de son attitude philosophique.
Face à Mélétos, Anytos et Lycon, ses accusateurs officiels, Socrate réfute calmement les charges. Il explique qu’il n’a jamais enseigné ni corrompu personne, mais qu’il pousse chacun à s’interroger sur la vertu et la justice. Fidèle à sa mission divine, il refuse de se taire, même au prix de sa vie. Il affirme que craindre la mort est une forme d’ignorance, car nul ne sait ce qu’elle est réellement.
Condamné à mort, Socrate ne manifeste ni colère ni peur. Il reste convaincu que le vrai mal est l’injustice et non la mort. Il termine en exhortant ses juges à prendre soin de leur âme et à ne pas confondre sagesse et pouvoir. Son attitude exemplaire fait de lui un modèle de liberté de pensée et de courage moral.
Personnages principaux
Socrate – Philosophe athénien, accusé d’impiété et de corruption de la jeunesse ; il incarne la recherche de la vérité et la fidélité à sa conscience.
Mélétos – Poète, principal accusateur de Socrate, représentant l’ignorance et la démagogie populaire.
Anytos – Homme politique et artisan influent, adversaire de la philosophie et défenseur des traditions.
Lycon – Orateur, allié des précédents, qui complète le trio d’accusateurs.
Les juges athéniens – Symboles du peuple d’Athènes, influençables et partagés entre admiration et méfiance envers Socrate.
Thèmes principaux
La vérité et la conscience morale
La connaissance et l’ignorance (« Je sais que je ne sais rien »)
La justice et la liberté intérieure
La mission du philosophe et son rapport à la cité
La mort et le courage face à l’injustice
Le rôle de la raison et du dialogue dans la recherche du bien
Registre et style
Registre philosophique et judiciaire : discours de défense fondé sur la raison et la logique.
Registre moral : affirmation de la vertu, du devoir et de la fidélité à la vérité.
Style simple et direct, marqué par le dialogue et l’ironie socratique.
Usage du raisonnement dialectique et de l’exemple concret.
Message de l’auteur
Platon célèbre le courage moral de son maître, qui préfère la mort à la compromission.
Il montre que la philosophie est un acte de liberté et de responsabilité envers soi-même et la cité.
Socrate prouve que la sagesse consiste à reconnaître son ignorance et à chercher sans cesse la vérité.
La mort de Socrate est présentée comme le triomphe de la conscience sur l’injustice.
Contexte historique
Le procès de Socrate se déroule à Athènes en 399 av. J.-C., après la chute de la tyrannie des Trente et le rétablissement de la démocratie.
La cité est en crise morale et politique, méfiante envers ceux qui remettent en question les traditions.
Platon, disciple de Socrate, écrit cette Apologie peu après sa mort pour défendre la philosophie et la liberté de pensée.
L’œuvre illustre la naissance de la philosophie éthique et humaniste en Occident.
Questions pour la compréhension de l’œuvre
Pourquoi Socrate est-il accusé d’impiété et de corruption de la jeunesse ?
Quelle est la signification de la maxime « Je sais que je ne sais rien » ?
Comment Socrate définit-il la véritable sagesse ?
Pourquoi refuse-t-il de se défendre par la pitié ou la flatterie ?
Quelle conception de la mort Socrate expose-t-il devant ses juges ?
Réponses aux questions
Pourquoi Socrate est-il accusé d’impiété et de corruption de la jeunesse ?
Parce qu’il remet en cause les croyances traditionnelles et pousse les jeunes Athéniens à interroger les valeurs établies. Ses ennemis politiques y voient une menace pour l’ordre social.
Quelle est la signification de la maxime « Je sais que je ne sais rien » ?
Elle exprime la conscience de l’ignorance humaine et la véritable sagesse : reconnaître les limites de son savoir, condition nécessaire à toute recherche de vérité.
Comment Socrate définit-il la véritable sagesse ?
La sagesse consiste à se connaître soi-même, à vivre selon la justice et à interroger sans relâche ses propres croyances pour tendre vers le bien.
Pourquoi refuse-t-il de se défendre par la pitié ou la flatterie ?
Parce qu’il veut rester fidèle à la vérité et à la justice, sans chercher à émouvoir le tribunal. Il estime qu’un homme juste ne doit pas mendier sa vie mais agir avec intégrité.
Quelle conception de la mort Socrate expose-t-il devant ses juges ?
Il voit la mort comme un passage naturel et peut-être bénéfique. Craindre la mort est absurde, car nul ne sait ce qu’elle est ; le vrai mal est de commettre l’injustice, non de mourir.
