Ourika, court roman de Claire de Duras publié en 1823, raconte l’histoire tragique d’une jeune femme noire élevée dans l’aristocratie française du XVIIIᵉ siècle. Inspirée d’un fait réel, l’œuvre dénonce les préjugés raciaux et les limites de la bienveillance bourgeoise dans une société qui refuse l’altérité.
Ourika, originaire du Sénégal, est recueillie enfant par le chevalier de B. et confiée à sa tante, la maréchale de B., qui l’élève comme sa protégée dans un milieu raffiné. Choyée et instruite, Ourika grandit sans conscience de sa différence, jusqu’au jour où elle surprend une conversation révélant qu’en raison de sa couleur de peau, elle ne trouvera jamais de place dans la société ni d’époux. Ce choc détruit son innocence et la plonge dans une profonde mélancolie.
Consciente de son isolement, Ourika se retire de plus en plus du monde, se consumant d’un amour impossible pour Charles, le petit-fils de sa bienfaitrice. Lorsque celui-ci épouse une jeune femme blanche, Ourika sombre dans le désespoir et la maladie. Elle finit par trouver refuge dans un couvent, où elle cherche la paix dans la foi avant de mourir prématurément. Son récit, confié à un médecin, devient une confession sur la douleur d’exister en marge d’une société qui ne tolère pas la différence.
Ourika – Jeune femme noire, élevée comme une Européenne, intelligente et sensible, déchirée entre reconnaissance et exclusion sociale.
Madame de B. – Bienfaitrice d’Ourika, femme noble, cultivée et compatissante, mais incapable de comprendre les effets de son geste charitable.
Charles – Petit-fils de Madame de B., ami d’enfance d’Ourika, qu’elle aime en secret. Il symbolise l’amour inaccessible et les barrières sociales.
La marquise de *** – Amie lucide et sévère de Madame de B., qui révèle brutalement à Ourika la vérité sur sa condition.
Le médecin – Narrateur du récit-cadre, témoin de la confession et de la mort d’Ourika.
Le racisme et la question de l’altérité
La solitude et l’exclusion sociale
La condition féminine et la dépendance morale
La quête de reconnaissance et d’amour
La religion et la rédemption
Le poids des préjugés et l’impossibilité de s’intégrer
Registre pathétique et tragique : expression intense des souffrances intérieures.
Style intimiste et introspectif : récit à la première personne, proche de la confession spirituelle.
Langue élégante, classique, empreinte de sensibilité romantique.
Structure en récit-cadre : la parole d’Ourika rapportée par un médecin-narrateur.
Claire de Duras dénonce la fausse charité et les limites de l’humanisme éclairé face au racisme latent de la société aristocratique.
Elle explore le drame de la différence et la souffrance psychologique d’un être rejeté malgré sa vertu et son éducation.
L’œuvre souligne la contradiction entre l’universalisme des Lumières et les exclusions réelles pratiquées au XIXᵉ siècle.
Enfin, elle montre que la rédemption spirituelle est le seul refuge possible pour les âmes brisées par le rejet social.
Publié en 1823, sous la Restauration, Ourika s’inscrit dans une société encore marquée par l’esclavage et les hiérarchies raciales.
Le roman apparaît comme l’une des premières œuvres françaises à aborder la question du racisme et de l’identité noire.
Claire de Duras, aristocrate ayant connu l’exil pendant la Révolution, s’inspire d’une histoire vraie survenue dans son entourage.
L’œuvre s’inscrit à la croisée du préromantisme et du roman d’analyse morale, anticipant les sensibilités de George Sand ou de Chateaubriand.
Pourquoi la révélation de sa différence bouleverse-t-elle la vie d’Ourika ?
En quoi la bienveillance de Madame de B. est-elle ambivalente ?
Comment le roman dénonce-t-il le racisme de la société française du XVIIIᵉ siècle ?
Pourquoi Ourika trouve-t-elle la paix seulement dans la religion ?
Quel rôle joue la narration dans la transmission du message moral ?
Pourquoi la révélation de sa différence bouleverse-t-elle la vie d’Ourika ?
Parce qu’elle prend soudain conscience qu’elle ne sera jamais acceptée dans la société blanche qui l’a élevée. Cette lucidité détruit l’illusion de son bonheur et marque la naissance de sa souffrance identitaire.
En quoi la bienveillance de Madame de B. est-elle ambivalente ?
Elle sauve Ourika de l’esclavage mais l’élève dans un monde qui ne la reconnaîtra jamais comme sienne. Son geste charitable devient une forme d’enfermement moral et social.
Comment le roman dénonce-t-il le racisme de la société française du XVIIIᵉ siècle ?
En montrant qu’aucune éducation ou vertu ne suffit à effacer le préjugé racial. L’exclusion d’Ourika illustre l’hypocrisie d’une société qui se dit éclairée mais rejette la différence.
Pourquoi Ourika trouve-t-elle la paix seulement dans la religion ?
Parce qu’après avoir cherché en vain l’amour et la reconnaissance des hommes, elle découvre dans la foi une forme d’apaisement et d’égalité devant Dieu que le monde lui refuse.
Quel rôle joue la narration dans la transmission du message moral ?
Le récit-cadre du médecin renforce la dimension de témoignage et de vérité morale. Il met à distance l’émotion tout en soulignant la portée universelle du destin d’Ourika.