Les Fourberies de Scapin, comédie de Molière créée en 1671, met en scène un valet rusé, Scapin, qui déploie son ingéniosité pour aider deux jeunes hommes, Octave et Léandre, empêtrés dans leurs amours contrariées. Octave s’est marié en secret avec Hyacinte, sans le consentement de son père, Argante, qui voulait le marier à une autre. Léandre, quant à lui, est amoureux d’une jeune Égyptienne, Zerbinette, qu’il veut racheter à des bohémiens.
Les deux pères, Argante et Géronte, reviennent d’un voyage et découvrent les frasques de leurs fils. Pour sortir ses maîtres de leurs difficultés, Scapin imagine plusieurs ruses : il soutire de l’argent aux deux vieillards en inventant des histoires extravagantes — un mariage forcé, un rapt, un danger imminent — et manipule tout le monde grâce à son esprit vif et à son audace.
La pièce culmine lorsque Scapin, pris à son propre jeu, est découvert et battu par les deux pères. Cependant, la comédie s’achève sur un dénouement heureux : Hyacinte et Zerbinette se révèlent être les filles perdues des vieillards, ce qui lève tous les obstacles aux mariages des jeunes gens. Scapin, pardonné, obtient finalement le rire du public et la clémence de ses maîtres.
Scapin : valet rusé, maître de la ruse et du mensonge, il incarne l’esprit vif et manipulateur du serviteur comique.
Octave : fils d’Argante, jeune homme impulsif et amoureux d’Hyacinte.
Léandre : fils de Géronte, amoureux passionné de Zerbinette.
Argante : père d’Octave, autoritaire et colérique, représentant du patriarche bourgeois.
Géronte : père de Léandre, avare et crédule, victime des machinations de Scapin.
Hyacinte : jeune fille vertueuse, épouse secrète d’Octave, qui s’avère être la fille perdue d’Argante.
Zerbinette : jeune Égyptienne libre et vive d’esprit, en réalité fille de Géronte.
La ruse et la tromperie au service de l’amour.
Le conflit entre les générations : jeunes amoureux contre pères autoritaires.
Le pouvoir et la liberté du valet face à ses maîtres.
L’amour comme force libératrice et désordonnée.
La comédie sociale : critique de l’avarice, de la crédulité et de l’autorité patriarcale.
Le jeu et le déguisement comme instruments de vérité.
Registre comique dominant (situations, gestes, langage, quiproquos, coups de bâton).
Langue vive et populaire dans la bouche de Scapin, opposée à celle plus grave des pères.
Utilisation de la farce et du comique de situation hérité de la commedia dell’arte.
Structure rythmée, dialogues rapides et pleins d’esprit, mélange d’improvisation et de satire.
Molière montre, sous le rire, la rébellion du faible contre le puissant : Scapin incarne la revanche de l’esprit sur la hiérarchie sociale.
Il célèbre l’intelligence, la vivacité et l’inventivité populaires face à la rigidité de l’autorité.
Il dénonce les excès de pouvoir des pères et ridiculise l’avarice et la tyrannie familiale.
Mais derrière le comique, il valorise aussi la bienveillance et le pardon : la pièce se clôt sur une réconciliation générale.
Écrite en 1671, sous le règne de Louis XIV, cette pièce appartient à la dernière période comique de Molière.
Inspirée de la commedia dell’arte, elle met en avant le valet farceur (héritier d’Arlequin) comme héros principal.
Elle fut parfois critiquée pour son aspect bouffon et populaire, jugé moins noble que les grandes comédies de mœurs.
Pourtant, elle a rencontré un grand succès populaire et reste une des œuvres les plus vivantes du répertoire moliéresque.
Quel rôle joue la ruse dans la pièce ?
Pourquoi Scapin peut-il être considéré comme le héros principal ?
Comment Molière oppose-t-il les jeunes gens à leurs pères ?
En quoi cette pièce illustre-t-elle le comique de la farce ?
Que nous dit Molière sur la société à travers cette comédie ?
La ruse est l’arme de Scapin : elle permet de résoudre les conflits et de libérer les jeunes des contraintes imposées.
Scapin est le héros car c’est lui qui agit, imagine et triomphe des obstacles, tout en représentant la voix du peuple.
Molière oppose la jeunesse impulsive et sincère aux pères autoritaires et bornés, critiquant ainsi le pouvoir patriarcal.
Le comique repose sur les coups de bâton, les déguisements, les mensonges et les situations absurdes typiques de la farce.
La pièce souligne les travers de la société bourgeoise : autorité excessive, cupidité et hypocrisie, tout en célébrant l’esprit libre et créatif.