ACTE II - SCENE IX
ETIENNETTE, LA CHOUTE, CLEO, PAULETTE, GUERASSIN, puis ROGER, puis MAURICE
CLEO
(allant à ETIENNETTE.)
Qu'est-ce qu'il y a donc ?
PAULETTE
(descendant jusque devant le canapé.)
Qu'est-ce qui se passe ? GUERASSIN, au- dessus de la cheminée.
Pourquoi ce tapage ?
ETIENNETTE
Ne m'en parlez pas ! C'est Heurteloup qui vient de se faire pincer par sa femme avec la Choute sur le dos !
(Elle redescend un peu.)
TOUS
Oh ! le malheureux !
LA CHOUTE
Ce qu'il va se faire saler !
ETIENNETTE
(à LA CHOUTE.)
En tout cas, rien ne pouvait m'être plus désagréable, surtout en la circonstance actuelle.
(Tout en parlant, elle remet le fauteuil qu'elle avait avancé à LA COMTESSE, à sa place primitive.)
LA CHOUTE
Qu'est-ce que tu veux, on ne l'a pas fait pour son plaisir.
ROGER
(paraissant au fond.)
Madame ?
(Pour les besoins de la seine, pendant ce dialogue entre ETIENNETTE et ROGER, discrètement LA CHOUTE repousse le tabouret qui est devant le sopha jusqu'à l'extrême droite.)
ETIENNETTE
Quoi ?
ROGER
Madame sait que monsieur l'abbé est là ?
ETIENNETTE
Monsieur l'abbé !
ROGER
Comme madame était occupée avec ces dames, je l'avais fait entrer dans le boudoir.
ETIENNETTE
Mais, vite, introduisez.
(ROGER sort.)
VOIX DE ROGER
Si monsieur l'abbé veut entrer ?
MAURICE
(paraissant en uniforme de la ligne; la tunique et pas d'arme.)
Mesdames.
TOUS
(étonnés.)
Ah !
ETIENNETTE
(qui est allée à sa rencontre.)
Monsieur l'abbé !… Ah !… qui vous reconnaîtrait ainsi !…
LA CHOUTE
Oh ! vous êtes joliment bien en défenseur de la patrie.
PAULETTE ET CLEO
Oh ! oui ! oh ! oui !
MAURICE
(tout gêné, descendant par le milieu de la scène, jusqu'à proximité de la cheminée. —)
Oh ! ne vous moquez pas ! Je me sens tout guindé. Je ne dois pas positivement avoir l'air martial.
TOUTES
Mais si !… mais si !
LA CHOUTE
Oh !… et comment se fait-il ?…
MAURICE
Mais d'ordre de l'archevêché, il nous a été prescrit de nous présenter en tenue.
LA CHOUTE
Ah ! bien, c'est une fière idée qu'il a eue là, l'archevêché !
TOUTES
Oh ! oui ! oh ! oui !
GUERASSIN
(au-dessus de la table.)
Ah ! l'attrait de l'uniforme !
(PAULETTE est remontée pendant ce qui précède et est près de GUERASSIN.)
MAURICE
(à ETIENNETTE qui l'a suivie près de la cheminée.)
Chère madame, je suis revenu en hâte : Eh ! bien, ma mère ?
ETIENNETTE
Hein ? oh ! rien !… simple visite de courtoisie. Madame la comtesse s'est crue obligée de me faire l'honneur, après l'accident qui m'était arrivé chez elle…
MAURICE
Ah ! tant mieux, cela me tranquillise; je craignais…
ETIENNETTE
Quoi donc ?
MAURICE
Je ne sais pas… que peut-être, elle trouvât mauvais…
ETIENNETTE
Rassurez-vous, il n'est rien entré de pareil dans sa pensée.
MAURICE
J'en suis bien heureux.
(A ce moment on entend des voix à l'extérieur.)
ETIENNETTE
Qu'est-ce que c'est que ça ?
(La porte du fond s'ouvre avec fracas, et l'on aperçoit MUSIGNOL discutant avec ROGER.)