Acte III - Scène XX
Mongicourt, Le Général
Mongicourt (assis sur le canapé, et riant encore )
Ah ! ah ! ah ! ce pauvre Petypon !
Le Général (assis sur la chaise qui est à la tête du lit )
Ah ! ah ! ah ! je crois qu'elle doit être édifiée sur ses apparitions !
Mongicourt
Ah ! ah ! je n'ai pourtant pas envie de rire !
Le Général
Ah ! monsieur mon neveu, vous voulez mystifier le monde !… Mais tout finit toujours par se découvrir ; vous venez d'en avoir la preuve !… (Descendant et à Mongicourt.)
Et à ce propos, monsieur, je vous fais toutes mes excuses !
Mongicourt (se levant )
A moi, général ?
Le Général (sévèrement )
Je sais tout !… Cette chère petite enfant m'a tout dit ; (Emoustillé.)
elle est délicieuse ! Figurez-vous qu'elle ne connaît pas l'Afrique ! (Brusquement, de nouveau sévère.)
Vous n'êtes pas le mari de madame Mongicourt ?
Mongicourt
Mais non, général, puisqu'elle est la femme de Petypon !
Le Général
Bien oui, je le sais bien ! mais, hier, n'est-ce pas ? j'ignorais ! alors, je vous ai envoyé une…
(Il esquisse le geste du soufflet.)
Mongicourt (vivement, comme s'il le paraît )
Oui !
Le Général
Qu'est-ce que vous voulez ? Je sais bien qu'une gifle est une gifle !… Mais l'insulte n'est pas dans le fait, mais dans l'intention !… Ici, elle ne s'adressait à vous, que du moment que vous étiez le mari de la femme qui m'avait…
Mongicourt (même jeu )
Oui !
Le Général
Vous ne l'êtes pas… Cette gifle n'est donc pas un affront ! Ce n'est qu'une commission.
Mongicourt (ne voyant pas où il veut en venir )
Comment ça ?
Le Général (bien lentement )
Le vrai destinataire est mon neveu Petypon ; (Avec un petit geste d'offrande.)
vous n'avez qu'à lui faire parvenir.
(Il remonte.)
Mongicourt (ravi, à cette idée )
Mais… c'est vrai !
(En parlant il passe extrême droite, devant la table.)