Les Mêmes, Petypon
Petypon (surgissant du fond )
Ah ! mon oncle ! (A part.)
Fichtre, ma femme !
Le Général (se retournant à la voix de Petypon )
Eh ! Arrive donc, toi ! tu me fais attendre.
(En ce disant, il descend obliquement vers la gauche en passant devant Petypon.)
Gabrielle (qui est allée vivement à Petypon )
Ah ! Lucien ! Nous nous sommes expliqués avec le général. Il est bon ! Il m'a pardonné.
Petypon
Oui ?
Le Général (de l'extrême gauche et face au public )
Ah ! oui, mais à condition que votre mari me fera des excuses.
Petypon
Mais comment donc ! Mais c'est entendu.
Le Général (entre chair et cuir )
Oui ! Enfin ça… c'est son affaire !
(Il s'assied sur le canapé.)
Petypon
Chère amie, j'ai à causer avec mon oncle, alors, si tu veux bien !…
Gabrielle (se dirigeant vers la porte de droite, accompagnée par Petypon )
Oui, oui ! comment donc ! (Fausse sortie. Se retournant vers Petypon, et à voix basse.)
Dis-donc ! Tu ne m'avais pas dit que le général t'avait giflé.
Petypon (la suivant )
Hein ! Moi ? Quand ça donc ?
Gabriel
C'est lui qui vient de me le dire…
Petypon
Ah ! oui !… Oh ! j'étais tout petit !
Gabrielle
Mais non, hier !
Petypon
Ah ! hier, oui ! oui ! oh ! mais si gentiment.
Gabrielle
Ah ?
Petypon
D'un oncle, tu sais, c'est une taloche.
Gabrielle (peu convaincue par cette explication )
Oui ! Oui !
Petypon
Allez ! va ! va !
(Il la fait sortir et referme la porte.)
Le Général (qui de son canapé n'a pas cessé de les observer d'un œil amusé )
Dis-donc ! C'est pas possible ! T'en pinces pour elle !
Petypon (redescendant )
Hein ! Moi ? Pourquoi ?
Le Général
Dame, chaque fois qu'on vient ici on la trouve !… Sais-tu que, si elle était un peu moins…blette, ça donnerait à jaser !
(Il se lève.)
Petypon (qui goûte peu ce genre de plaisanterie )
Oh ! mon oncle.
Le Général (se rapprochant de Petypon )
Comment s'appelle-t-elle déjà ? Tu me l'as présentée, mais je ne peux jamais me rappeler un nom !
Petypon (vivement )
Hein ?… Madame, euh !… (S'arrêtant court, puis bien froidement.)
Madame Mongicourt.
Le Général
Ah ! C'est ça !… Oui, oui ! "Mongicourt" ! (Répétant.)
"Mongicourt" ! Je penserai à "gilet".
Petypon (le regardant étonné )
A "gilet" ?
Le Général
Oui !… "Mon-gilet-est-trop-court"… "Mon-gilet-est-court"… "Mon-gilet-court"… "Mongicourt ! " (Un temps.)
J'arrive au nom comme ça.
Petypon
Ah ! oui !… (Un temps.)
Maintenant, est-ce que vous ne croyez pas que vous auriez plus vite fait de vous rappeler "Mongicourt" tout bonnement ?
Le Général (dégageant à gauche )
Oh ! la ! la ! Oh ! non !… Non !… c'est trop compliqué !
Petypon
Ah ?
Le Général (revenant à Lucien )
Mais, je ne suis pas venu ici pour parler de ça ! Lucien ! je viens te prêcher la conciliation.
Petypon
Comment ça ?
Le Général
Il ne s'est rien passé entre ta femme et Corignon !
Petypon (jouant le doute )
Oui, oh !…
Le Général (l'arrêtant du geste )
J'en ai eu la certitude… Donc, je viens te dire : "Oublie et pardonne ! "
Petypon
Ah ! mon oncle ! (Lui prenant la main.)
c'est tellement mon avis, que je vous ai écrit ce matin pour vous annoncer que je pardonnais à ma femme ; et que, pour sceller la réconciliation, je l'emmenais dès ce soir en Italie !
Le Général
Oui ? Ah ! que je suis heureux ! (Brusquement le faisant virevolter par les épaules.)
Attends-moi ! Attends-moi !
(Il se dirige précipitamment vers la porte fond droit en passant au-dessus de Petypon.)
Petypon (abasourdi )
Hein ? Quoi ? Qu'est-ce ?
Le Général
Attends-moi !
(Il sort.)
Petypon (abasourdi, gagnant la gauche devant le canapé )
Eh bien ! où va-t-il ? Qu'est-ce qui lui prend ?… Ah ! la ! la ! Quel bolide que cet homme ! Heureusement que je suis pas fragile !
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