Acte III - Scène XIII
(FOLLENTIN BIENENCOURT)
BIENENCOURT(en vieux monsieur vénérable qui est entré pendant les dernières répliques.)
Et toi, à la maison !… Et vous supportez, monsieur, qu'une femme vous parle de la sorte ?…
FOLLENTIN
Vous l'avez entendue, monsieur, et c'est ma femme !… Voilà ce que votre époque en a fait !…
BIENENCOURT
Il faut vous révolter.
FOLLENTIN
Ah !… n'est-ce pas, Monsieur ! (A part.)
Très sympathique, ce vieillard respectable, ça doit être un académicien.
BIENENCOURT
Un homme beau et bien fait comme vous, est-ce que vous êtes fait pour croupir dans la médiocrité bourgeoise, pour mener la vie d'homme de ménage ? Allons donc !… Je connais vingt dames riches, monsieur, qui seraient trop heureuses de mettre leur fortune à vos pieds !…
FOLLENTIN
Hein ?
BIENENCOURT
Un mot !… un signe !… et je fais de vous le demi-castor le plus envié de Paris !
FOLLENTIN
Ah ça ! mais qui êtes-vous donc ?
BIENENCOURT
Voici ma carte.
FOLLENTIN(lisant.)
"Monsieur Alphonse, tableaux et objets d'art." Ah çà ! mais monsieur, vous êtes !…
BIENENCOURT
Procureur de la République !
FOLLENTIN
Oh !
BIENENCOURT
Tenez !… Voulez-vous connaître la grande vie d'aujourd'hui ?
FOLLENTIN
Oh ! oui, je veux ! Oh ! oui, je veux !…
BIENENCOURT
Voulez-vous la voir, la jeunesse du jour, la jeunesse décadente !… Je vais vous faire goûter d'une nuit d'orgie au vingt et unième siècle !… (Ils remontent. A ce moment la fenêtre se rouvre. La femme reparaît.)
LA FEMME.
A moi !… Au secours !… On m'assassine !…
FOLLENTIN
Ah ! non !… vous, là-haut !… On ne me la fait plus.
BIENENCOURT
Allons !… (Changement à vue. RIDEAU)
(2e Tableau L'orgie romaine Tous les choeurs, hommes et femmes, sont étendus, les uns près des autres, enlacés et lascifs. Tous ont la coupe en main.)