ACTE PREMIER - SCÈNE XI
LES MEMES, VATELIN, PONTAGNAC
MME PONTAGNAC (à Vatelin et Pontagnac qui, peu rassurés, l'air piteux, restent dans l'embrasure de la porte.)
Mais entrez, messieurs ! Qu'est-ce que vous avez à rester dans la porte ?
VATELIN
Mais rien ! mais pas du tout !
MME PONTAGNAC
Eh ! bien, vous avez contemplé la galerie ? Vous êtes satisfait ?
PONTAGNAC
Enchanté ! Enchanté !(À part, rassuré.)
Madame Vatelin n'a pas parlé !(Haut)
Il y a là surtout quelques toiles… Ah !… des toiles ! de parents de grands maîtres…
VATELIN
N'est-ce pas ?
PONTAGNAC
Entre autres un Corot fils et un Rousseau cousin, vraiment, ce n'est pas la peine d'avoir des maîtres eux-mêmes.
VATELIN
C'est ce que je dis. C'est aussi bien fait ; c'est, la plupart du temps, beaucoup plus soigné.
REDILLON
Et ça coûte beaucoup moins cher.
MME PONTAGNAC
Eh ! bien, nous, pendant ce temps-là, nous avons fait plus ample connaissance avec madame Vatelin. Nous avons beaucoup parlé de toi.
PONTAGNAC (inquiet.)
Ah !
MME PONTAGNAC
Et monsieur lui-même m'a dit qu'il t'avait souvent rencontré et qu'il t'appréciait beaucoup.
PONTAGNAC
Non, il a dit ça ?(À Rédillon)
Ah ! Monsieur !(À part)
Oh ! et moi qui…(Haut)
Ma chère amie… Monsieur Durillon.
REDILLON
Red !… Red !…
PONTAGNAC
Oh ! pardon !… Rédillon !… Oh ! Red, Dur… c'est la même chose, M. Rédillon, Mme Pontagnac.
MME PONTAGNAC
Nous avons eu le temps de faire connaissance !
(Elle remonte avec Lucienne au-dessus de la table. )
PONTAGNAC
Oui ? Parfait, alors !…(À Rédillon)
Cher monsieur, ma femme reçoit tous les vendredis, si vous voulez nous faire l'honneur…
REDILLON
Mais comment donc !(À part)
C'est bien ça, tout à l'heure, c'était l'amoureux, il me battait froid. Sa femme arrive, le mari reparaît et il m'invite ! Ils sont tous les mêmes !