ACTE PREMIER - SCÈNE XII
LES MEMES, JEAN.
JEAN
Il y a là une dame qui demande Monsieur.
VATELIN (remontant et rangeant la chaise.)
Moi ! Qui ça ?
JEAN
Je ne sais pas. C'est la première fois que je vois cette dame.
LUCIENNE
Une dame, qu'est-ce qu'elle veut ?
VATELIN (du geste d'un homme qui n'en sait pas plus long.)
Ah ! ma chère amie, ça !…(À Jean)
Vous auriez dû demander le nom !
LUCIENNE
à Jean.
Elle est jolie ?
JEAN (avec une moue.)
Pflutt !
VATELIN
Eh ! bien, Jean, qu'est-ce que c'est ! Je t'en prie, ma chère amie, ce n'est pas à mon domestique à donner son avis sur les personnes qui viennent me voir.(À Jean)
Vous avez dit que j'y étais ?
JEAN
Oui, cette dame attend dans le petit salon.
VATELIN
C'est bien, qu'elle attende ! Je la recevrai. Jean sort au fond.
MME PONTAGNAC
Allons, monsieur Vatelin, je vois que vous avez affaire, je ne veux pas abuser de vos moments… surtout quand vous avez une dame à recevoir.
VATELIN
Oh ! quelque cliente !… Ca ne presse pas ! Ce n'est évidemment pas l'homme qu'elle vient voir, c'est l'avoué.
LUCIENNE
Mais je l'espère bien !
MME PONTAGNAC
Au revoir, chère madame !… et bien heureuse. Monsieur… euh…
PONTAGNAC
Rédillon !
REDILLON
17, rue Caumartin, parfaitement.
MME PONTAGNAC
C'est ça.(À Pontagnac.)
Prends note, mon ami !
REDILLON
Oh ! dans le Tout-Paris !…
PONTAGNAC
Ca ne fait rien, j'inscris toujours.
REDILLON
D'ailleurs, je descends avec vous. J'ai quelques courses à faire.(À Lucienne)
Au revoir, madame.(Bas)
Au revoir, ma Lucienne !…(À Vatelin.)
Au revoir, vous !
PONTAGNAC
Allons, partons…(Il serre la main de Vatelin, puis à Mme Vatelin.)
Madame !(bas et vivement)
Je mets ma femme chez elle et je reviens vous donner l'explication de ma conduite.
MME PONTAGNAC
Tu viens !
PONTAGNAC
Voilà ! Voilà !
MME PONTAGNAC (à part.)
Et maintenant, marche droit, mon bonhomme !
(Ils sortent. )