ACTE PREMIER - SCÈNE VIII
LES MEMES, VATELIN, PONTAGNAC.
VATELIN (entrant et s'arrêtant en voyant Rédillon assis par terre.)
Allons bon ! Vous voilà encore par terre, vous !
REDILLON
Comme vous voyez… Euh ! ça va bien ?
VATELIN
Merci, pas mal. C'est donc une manie, alors ?(À Pontagnac.)
Vous ne le croiriez pas, mon cher, voilà mon ami Rédillon.(Présentant)
M. Rédillon, M. Pontagnac.
PONTAGNAC
Inutile, c'est déjà fait.
VATELIN
Ah ?… Je n'ai jamais vu que lui comme ça ; toutes les fois qu'il m'attend dans ce salon. - ce ne sont pourtant pas les sièges qui manquent
- je ne peux pas y entrer sans le trouver assis le derrière par terre.
PONTAGNAC (sèchement.)
Ah !
REDILLON
Je vais vous dire !… C'est une habitude d'enfance, j'aimais beaucoup me rouler. Alors, chaque fois que je vais dans le monde, plutôt que de rester debout…
VATELIN
Quelle drôle d'habitude ! C'est pas possible, vous avez dû avoir une grand'mère qui a reçu un regard de cul-de-jatte !
REDILLON (se relevant.)
Ah ! Ah ! Ah ! très drôle ! C'est très drôle !
PONTAGNAC (entre ses dents, en regardant Vatelin.)
Ah ! nature de cornard, va !
LUCIENNE (qui s'est levée.)
Eh bien ! vous avez vu les tableaux de mon mari, monsieur Pontagnac ?
VATELIN
Je crois bien ! Il a été enchanté ! Il m'a dit : "Les musées n'en ont pas de comme ça !"(À Pontagnac)
N'est-ce pas ?
PONTAGNAC
Oui, oui, oui.(À part)
Heureusement !
(On sonne. )
VATELIN (indiquant le pan coupé gauche.)
Tenez ! J'en ai encore par là,… si vous voulez ?…
PONTAGNAC
Non, non ! pas toutes les joies le même jour ; j'aime mieux en garder pour une autre fois.
VATELIN
Ah ! c'est dommage que cette pauvre madame Pontagnac soit dans cet état, j'aurais été fier de lui montrer ma galerie.
PONTAGNAC
Ah ! qu'est-ce que vous voulez,… ses rhumatismes,… à Pau, dans le Béarn.
VATELIN
La petite voiture, oui, oui ! Ah ! pauvre nature humaine !
TOUS (avec un soupir.)
Ah ! oui !