ACTE II - Scène II
(LES MEMES MAURICETTE SINGLETON CHAMEL)
MAURICETTE( sortant précipitamment de l'Hôtel du Cheval-Blanc, suivie de Singleton en civil, puis de Chamel, )
Ah ! mon Dieu ! voilà l'appel ! Dépêche-toi, tu vas te faire punir !
(Elle fait passer Singleton devant elle. )
SINGLETON( passant au numéro 3. )
Voilà ! Voilà !
LEDOUX
Eh bien ! vous, arrivez-vous ?
CHAMEL( passant au numéro 3. )
Pardon, Monsieur ! Permettez-moi d'intercéder pour lui… je suis son beau-père.
LEDOUX(passant derrière Chamel et allant au numéro 3. )
Fichez-moi la paix, vous !
CHAMEL
Bien, Monsieur.
MAURICETTE( embrassant Singleton. )
Au revoir, mon chéri !
SINGLETON
Adieu, ma mignonne !
LEDOUX
Eh bien ! dites-donc, là-bas, vous n'avez pas fini ?
(Singleton se place dans le rang, entre Pinçon et Lafauchette. )
CHAMEL( à Ledoux, indiquant Mauricette et Singleton. )
C'est des moineaux !… c'est des moineaux !
LEDOUX
Qu'est-ce que vous dites ?
CHAMEL( interloqué. )
Rien ! (Passant devant Ledoux, Singleton et Mauricette, et se dirigeant vers l'hôtel. À Mauricette.)
Viens ! Mauricette ! il n'est pas poli, le commandant !
(Il entre à l'hôtel suivi de Mauricette, Mauricette en sortant, envoie à Singleton un baiser que Ledoux, qui est en face d'elle, croit adressé à lui. Flatté, il salue Mauricette, puis se retourne et se trouve en face de Singleton qui envoie aussi un baiser à sa femme et qu'il reçoit dans le nez. )
LEDOUX(à Singleton. )
Tâchez donc de vous tenir un peu. (Temps.)
Mon garçon, il faudra vous habituer à être plus exact.
SINGLETON
Mais, j'étais avec ma femme, mon lieutenant !
(Ledoux, toujours au numéro 1, à l'extrémité gauche de la scène. )
BELOUETTE(à l'extrémité droite. )
Quand on est militaire, on n'a plus de femme. On la laisse aux civils. Allons ! Voyons ! placez-vous dans le rang : vous avez de la chance que le capitaine ne soit pas là.
SINGLETON
Oh ! le capitaine, il ne me dira rien ! nous sommes très bien ensemble.
LEDOUX
C'est bien, silence.
SINGLETON
Ainsi, j'ai passé avec lui la journée d'hier.
LEDOUX
Assez ! silence, je vous dis ! Qu'est-ce qui m'a fichu des cosaques comme ça ? (Traversant la scène et allant à Bélouette.)
Il y a trois jours, c'était l'arrivée des territoriaux ; aujourd'hui, voilà les réservistes qui viennent s'ajouter… Nous n'en sortirons pas !
SINGLETON( à Lafauchette, son voisin dans le rang. )
Je le ferai attraper par le capitaine.
LAFAUCHETTE
Et vous ferez bien !
VOIX DE CAMARET(au fond. )
L'adjudant !… où est l'adjudant ?
LEDOUX
Oh ! le capitaine !