ACTE II - Scène XV
Suzanne (descendant au 1, furieuse.)
Ah, çà ! dites donc, vous vous moquez du monde.
Moulineaux
Suzanne !… Ah bien, il ne manquait plus que ça !
Suzanne (voyant Rosa.)
Encore une personne !… Ah ! c'est trop fort !
(Elle remonte furieuse jusqu'au fond et redescend.)
Rosa (à Moulineaux.)
Qui est cette dame ? (n° 3)
.
Moulineaux (bas n° 2)
Rien. C'est la caissière. Elle a une maladie de nerfs, ne fais pas attention. (À Suzanne qui est juste redescendue.)
Je vous en prie, calmez-vous, Suzanne, pas de scandale !
Suzanne (très nerveuse.)
Il fallait me dire que vous vouliez me faire une mystification. Il fallait me dire que vous étiez avec votre maîtresse !
Rosa (bondissant.)
Hein !… Ah ! mais, madame, pour qui me prenez-vous ? Sachez que je suis une cliente. Je viens me commander une robe.
(Elles se sont rapprochées l'une de l'autre, séparées seulement par Moulineaux.)
Suzanne
Ah ! ce n'est pas à moi qu'il faut la raconter, celle-là !
Rosa
Comment ?
Moulineaux
Mais, je vous assure…
Suzanne
Vous aussi… Eh bien, mon ami, vous avez de l'aplomb !
Rosa (très aigre.)
Mon cher, quand on est l'amant de sa caissière, la première chose est d'éviter à ses clientes des avanies pareilles !
Moulineaux (éclatant.)
Allons, bon ! l'amant de la caissière, à présent !
Suzanne (vivement.)
Où ça ? Quelle caissière ?… Qu'est-ce qu'elle raconte ?
Moulineaux (abasourdi.)
Mais rien ! rien !… Elle ne s'occupe pas de vous.
Rosa (vivement.)
Je suis une femme comme il faut. Monsieur est mon couturier.
Suzanne
Encore !
Rosa (vivement.)
Oui, encore. Et la preuve que monsieur n'est que ça, c'est que je suis venue avec mon époux.
Suzanne (affectant de rire.)
Votre époux ! Je voudrais bien le voir !…
Rosa (vivement.)
Mais vous le verrez ! Il est en bas qui promène le chien.
Moulineaux (abasourdi et gagnant la droite.)
Oh ! la ! la ! la ! la !
Rosa
Eh ! tenez !… je l'entends.
(Elle remonte vers le fond.)