ACTE III - Scène VI
Aubin (qui a vu Moulineaux embrasser Yvonne. À part, avec stupéfaction.)
Oh ! Machin est l'amant de la femme du docteur !…
(Il demeure sur le seuil de la porte, et écoute.)
Moulineaux
Tu es un ange !
Yvonne
Alors vous serez bien raisonnable, et vous ne ferez plus comme l'autre nuit. Au lieu de la passer ici, gentiment, où avez-vous été ? Oh ! nous nous expliquerons à ce sujet !
Aubin (scandalisé.)
Oh !
Moulineaux
Tu n'auras jamais plus rien à me reprocher.
Yvonne
Oh ! je vous reproche d'être un mauvais mari, de ne pas bien aimer votre femme.
Moulineaux
C'est toi qui n'aimes pas ton mari !…
Aubin (même jeu.)
Ah ! ça, c'est nouveau, par exemple. (Haut.)
Hum ! C'est moi… j'arrive, je n'ai rien entendu.
(Il redescend au n° 1.)
Moulineaux
Lui !… Sapristi !… il va tout gâter !… (Haut.)
Euh ! je vous présente madame Moulineaux.
Aubin
Oui, oui, je sais !… j'ai bien vu !… (Il rit en saluant.)
Ah ! ah ! mon gaillard ! mes compliments.
Moulineaux (étonné.)
Qu'est-ce qu'il a ?…
Aubin
Et comment ça va, à part ça ?… Vous êtes-vous occupé de nous ?
Moulineaux (vivement.)
Oui, oui, certainement. (À part.)
Je sens la bombe, je sens la bombe !
Aubin
Vous avez commencé la robe de ma femme ?
Moulineaux
Hein ! oui !… parlons d'autre chose avez-vous été à la Chambre, aujourd'hui ?
Yvonne (à qui la question d'Aubin n'a pas échappé.)
Quelle robe, mon ami ?
Moulineaux (prenant l'air dégagé.)
Rien, une robe de chambre. C'est-à-dire, non… une robe que j'ai commandée pour sa femme, une robe de santé.
Yvonne
De santé ?
Moulineaux (même jeu.)
Oui, une robe homéopathique… avec de l'électricité dedans. C'est encore de la science. (À part.)
Oh ! si je pouvais le faire entrer sous terre.
Yvonne
Oh ! cela me paraît louche !
Moulineaux
Mais non, tu ne vas pas encore te mettre des idées dans la tête ?…
Aubin
Il la tutoie devant moi ! il n'a aucun tact.
Moulineaux
Ne sois donc pas soupçonneuse !… aie toujours confiance en moi !… Qu'il te suffise de savoir que je n'aime et n'aimerai jamais que toi !
Yvonne (d'un air de doute.)
Oh !