ACTE I - Scène VI
Etienne (annonçant.)
M. Bassinet.
Bassinet (entrant, n° 2.)
Bonjour, docteur.
Moulineaux
Lui ! que le diable l'emporte ! (Courant à Bassinet, vivement et bas.)
Chut ! Taisez-vous, vous êtes malade !…
Bassinet (ahuri.)
Qui ? moi ! jamais de la vie !…
(Il vient au 3.)
Yvonne (insidieuse.)
Et vous allez bien, monsieur Bassinet ?
Bassinet (bon enfant.)
Mais comme vous voyez.
Moulineaux (vivement.)
Oui, comme tu vois, très mal, il va très mal… (Bas.)
Allez-vous vous taire, je vous dis que vous êtes malade.
Yvonne
Pourquoi voulez-vous que M. Bassinet soit malade puisqu'il vous dit…
Moulineaux
Est-ce qu'il sait !… Il n'est pas médecin. Je te dis qu'il est perdu !
Bassinet (tressautant.)
Je suis perdu, moi !
Moulineaux
Mais oui !… seulement on a voulu vous cacher la situation. (À part.)
Ma foi, tant pis, il en crèvera s'il veut ! (Il remonte.)
Bassinet
Ah ! mon Dieu ! qu'est-ce qu'il dit !…
Yvonne (avec intention.)
Hélas ! c'est même pour cela que mon mari a passé la nuit auprès de vous.
Moulineaux (à part.)
Là ! v'lan ! aïe donc !
Bassinet
Il a passé la nuit auprès de moi, lui ?
Moulineaux
Mais oui ! Vous ne vous en êtes pas aperçu ? (À Yvonne.)
Laisse-le donc, tu vois bien qu'il a le délire !(Bas à Bassinet, marchant sur lui.)
Mais taisez-vous donc ! vous ne sentez donc pas que vous faites des impairs ?
(Il remonte et vient au 1.)
Bassinet (à part.)
Décidément, c'est lui qui est malade, le docteur !
Yvonne (passe au 2.)
Allons, monsieur Bassinet, soignez-vous bien ! C'est égal ! vous avez bien bonne mine pour un homme à l'agonie !… Il est vrai qu'elle dure depuis si longtemps !
Moulineaux (n° 1.)
Oui, c'est… c'est une agonie chronique.
Yvonne
Ce sont les moins mortelles. (À part.)
C'est clair ! il me trompe !… Ah ! je dirai tout à ma mère !
(Elle rentre dans ses appartements.)