ACTE I - Scène première
(Au lever du rideau, la scène est vide.)
(Il fait à peine jour. Étienne entre par la porte de droite, deuxième plan.)
(Il tient un balai, un plumeau, une serviette, tout ce qu'il faut pour faire l'appartement.)
Etienne (il dépose son plumeau, son balai ; il ouvre la porte du fond pour donner de l'air, il bâille.)
J'ai encore sommeil !… c'est stupide !… Il est prouvé que c'est toujours au moment de se lever qu'on a le plus envie de dormir. Donc l'homme devrait attendre qu'il se lève pour se coucher !… (Il ouvre la porte du fond.)
Oh ! mais je bâille à me décrocher la mâchoire ; ça vient peut-être de l'estomac… Je demanderai cela à monsieur. Ah ! voilà l'agrément d'être au service d'un médecin !… on a toujours un médecin à son service… et pour moi qui suis d'un tempérament maladif… nervoso-lymphatique, comme dit monsieur. Oui, je suis très bien ici. J'y étais encore mieux autrefois, il y a six mois… avant le mariage de monsieur. Mais il ne faut pas me plaindre, madame est charmante !… et étant donné qu'il en fallait une, c'était bien la femme qui nous convenait… à monsieur et à moi !… Allons, il est temps de réveiller monsieur. Quelle drôle de chose encore que celle-là !… la chambre de monsieur est ici et celle de madame, là. On se demande vraiment pourquoi on se marie ?… Enfin il paraît que ça se fait dans le grand monde. (Il frappe à la porte de droite premier plan et appelle.)
Monsieur !… monsieur !… (À part.)
Il dort bien ! (Haut.)
Comment, personne ! la couverture n'est pas défaite !… Mais alors, monsieur n'est pas rentré cette nuit !… monsieur se dérange !… Et sa pauvre petite femme qui repose en toute confiance ! Oh ! c'est mal !… (Voyant entrer Yvonne.)
Madame !
(Il gagne au 2.)