(madame MURER, le BARON, sir CHARLES, les gens, BETSY, le COMTE, EUGÉNIE.)
eugénie (, au bruit, ouvre sa porte, et, retenant le comte, dit :)
Ils sont armés ! dieux ! ne sortez pas.
le comte (, le repoussant.)
Je suis trahi. (À sir Charles.)
Mon ami, donnez-moi mon épée.
(Sir Charles, qui tient toujours son épée nue, court se saisir de celle du comte.)
(Presque en même temps.)
eugénie (, effrayée.)
C'est mon frère !
le comte
Son frère !
sir charles (, furieux.)
Oui, son frère.
le comte (, à Eugénie, avec mépris.)
Ainsi donc, vous m'attiriez dans un piége abominable !
eugénie (, troublée.)
Il m'accuse !
le comte
Votre colère, vos dédains n'étaient qu'une feinte pour leur donner le loisir de me surprendre.
eugénie (, tombant mourante sur un fauteuil ; Betsy la soutient.)
Voilà le dernier malheur.
madame murer (, au comte.)
Tous ces discours sont inutiles : il faut l'épouser sur-le-champ, ou périr.
le comte (, avec indignation.)
Je céderais au vil motif de la crainte ! ma main serait le fruit d'une basse capitulation !… Jamais.
madame murer
Qu'as-tu donc promis tout à l'heure ?
le comte (, sur le même ton.)
Je rendais hommage à la vertu malheureuse : sa douleur était plus forte qu'un million de bras armés. Elle amollissait mon cœur, elle allait triompher ; mais je méprise des assassins.
le baron
M'as-tu cru capable de l'être ? Juges-tu de moi par le déshonneur où tu nous plonges ?
madame murer (, fortement, aux valets.)
Saisissez-le.
sir charles (Charles se jette entre le comte et les valets.)
Arrêtez !
madame murer (, plus fort.)
Saisissez-le, vous dis-je.
sir charles (, d'une voix et d'un geste terribles.)
Le premier qui fait un pas…
le baron (, aux valets.)
Laissez faire mon fils.
(Madame Murer va se jeter dans un fauteuil, en croisant ses mains sur son front, comme une personne au désespoir.)
sir charles (, au comte, du ton d'un homme qui contient une grande colère.)
Ma présence vous rend ici, milord, ce que vous avez fait pour moi : nous sommes quittes. Les moyens qu'on emploie contre vous sont indignes de gens de notre état. Voilà votre épée. (Il la lui présente.)
C'est désormais contre moi seul que vous en ferez usage. Vous êtes libre, milord, sortez. Je vais assurer votre retraite : nous nous verrons demain.
le comte (, étonné, regardant Eugénie et sir Charles tour à tour, dit à plusieurs reprises :)
Monsieur, je… j'y compte… je vous attendrai chez moi.
(Il regarde de nouveau Eugénie en soupirant, comme un homme désolé. Il sort par la porte du jardin ; le baron retient les valets, et lui livre passage.)
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