(le baron HARTLEY, madame MURER, EUGÉNIE, BETSY.)(Le théâtre représente un salon à la française, du meilleur goût. Aux deux côtés du fond, on voit deux portes : celle à droite est censée le passage par où l'on monte chez madame...
(EUGÉNIE, le BARON, madame MURER, ROBERT.)robertMonsieur, une voiture…le baron (, à Robert, en se levant.)Mon chapeau, ma canne…madame murerRobert, il faudra vider ces malles et remettre un peu d'ordre ici.robertOn n'a pas encore eu le temps de se reconnaître.le baron...
(madame MURER, le BARON, EUGÉNIE.)(Le ton de madame Murer, dans toute cette scène, est un peu dédaigneux.)madame murerJ'espère que vous n'oublierez pas de vous faire écrire chez le lord comte de Clarendon, quoiqu'il soit à Windsor ; c'est un jeune...
(madame MURER, EUGÉNIE.)madame murerQu'il m'amène ses Cowerly ! (Après un peu de silence.) À votre tour, ma nièce, je vous examine… Je conçois que la présence de votre père vous gêne, dans l'ignorance qu'il est de votre mariage : mais...
(DRINK, madame MURER, EUGENIE.)drink (, à Eugénie.)Que veut milady ?madame murerEncore milady ! On lui a défendu cent fois de vous nommer ainsi.eugénie (, avec bonté.)Dis-moi, Drink, quand ton maître revient-il à Londres ?drinkOn l'attend à tout moment ; les...
drink (, seul.)S'il me paye pour mentir, il faut avouer que je m'en acquitte loyalement ; mais cela me fait de la peine… C'est un ange que cette fille-là ! Quelle douceur ! Elle apprivoiserai t des tigres. Oui, il...
(le comte de CLARENDON, DRINK.)le comte (, lui frappant sur l'épaule.)Courage, mons Drink !drink (, étonné.)Qui diantre vous savait là, milord ? On vous croit à Windsor.le comteVous disiez donc que le plus scélérat de nous deux, ce n'est pas...
le comte (, seul, se promenant avec inquiétude.)Que je suis loin de l'air tranquille que j'ai fecte !… Elle croit être ma femme… Elle m'écrit… Sa lettre me poursuit… Elle espère qu'un fils me rendra bientôt notre union plus chère…...
(madame MURER, EUGÉNIE, le COMTE.)(Eugénie en courant arrive la première ; puis elle s'arrête tout à coup en rougissant.)le comte (, s'avançant vers elle, et lui prenant la main avec quelque embarras.)Un mouvement plus naturel vous faisait précipiter vos pas,...
(le BARON, le COMTE, madame MURER, EUGÉNIE.)le baron (, en entrant, crie en dehors :)Renvoyez-le, vous dis-je. (À lui-même en avançant.) L'indigne séjour ! la sotte ville ! et surtout l'impertinent usage d'aller voir des gens qu'on sait absents !madame...
(madame MURER, EUGÉNIE.)madame murerAvec quelle adresse et quelle honnêteté pour vous il vient de s'expliquer !eugénie (, honteuse d'un petit mouvement de frayeur, se jette dans les bras de sa tante.)Grondez donc votre folle de nièce… À un certain mot...
drink (, seul, un paquet de lettres à la main. Il se retourne en entrant, et crie au facteur qui s'en va :)À moi seul, entendez-vous ? (Il avance dans le salon.) Un homme averti en vaut deux, dit-on. Voyons...
(le COMTE, DRINK.)le comte (, arrivant par le jardin avec précaution.)Est-ce toi, Drink ?drinkMilord ?le comteUn mot, et je m'enfuis.drinkJe vous écoute.le comteJ'avais oublié… J'étais si troublé en sortant… Mon mariage, qui se fait demain, est dans la bouche de...
(EUGÉNIE, le COMTE, DRINK.)eugénie (, faisant un cri de surprise.)Ah ! milord !le comte (, à Drink.)Je ne puis l'éviter. Laisse nous.
(EUGÉNIE, le COMTE.)eugénie (, avec joie.)Apprenez la plus agréable nouvelle…le comteSi elle intéresse mon Eugénie…eugénieMon père est enchanté de vous. Ah ! j'en étais bien sûre ! Il faisait votre éloge à l'instant. Je me serais mise de bon cœur...
(madame MURER, EUGÉNIE, le COMTE.)le comte (, apercevant madame Murer.)Ah ! madame, venez m'aider à lui faire entendre raison.madame murerLe comte ici ! J'aurais dû m'en douter à l'air d'empressement dont elle est sortie. Mais de quoi s'agit-il ?le comteSur...
(madame MURER, EUGÉNIE.)eugénie (le regarde aller, et, après un peu de silence, dit douloureusement :)Il s'en va !madame murerMais vous avez donc tout à coup perdu l'esprit ?eugénieÊtre réduite à composer avec son devoir ; n'oser regarder son père :...
(madame MURER, EUGÉNIE, DRINK.)madame murer (, à Drink, qui tient un paquet.)Qu'est-ce que c'est ?drinkDes lettres que le facteur vient d'apporter.madame murer (, parcourant les adresses.)D'Irlande : voici des nouvelles.(Drink range le salon, et écoute la conversation.)eugénie (, avec vivacité.)De...
(madame MURER, EUGÉNIE.)eugénie (, pendant que madame Murer lit tout bas.)Son silence me surprend et m'afflige.madame murer (, d'un ton composé.)S'il vous afflige, miss, la lettre de sir Henri ne me paraît pas propre à vous consoler. Votre frère n'a...
(le BARON, madame MURER, EUGÉNIE.)le baronEh bien ! parce que je m'endors un moment en jasant avec vous…eugénie (, troublée.)Mon frère s'est battu.le baronD'où savez-vous cela ?eugénieC'est ce que mande sir Henri.madame murer (, avec importance.)Et il a désarmé son...
(ROBERT, le BARON, madame MURER, EUGÉNIE.)robertLe capitaine Cowerly demande à vous voir.le baronIl ne pouvait arriver plus à propos. Qu'il entre.
(le BARON, madame MURER, EUGÉNIE.)madame murerUn moment, s'il vous plaît, que nous soyons parties. Je vous l'ai dit, c'est un homme que je ne puis souffrir.le baronMais quelle politesse avez-vous donc, vous autres ? Un de nos amis communs, et...
(le capitaine COWERLY, le BARON, madame MURER, EUGÉNIE.)madame murer (, d'un ton bruyant.)Bonjour, mon très-cher.le baronBonjour, capitaine. Nous jouons aux barres.le capitaineEn rentrant chez moi, j'ai trouvé ce billet que vous y avez laissé. Mais, en honneur, je m'en retournais...
(le BARON, le CAPITAINE.)le baronPardon, capitaine.le capitaine (, lui prenant la main.)Adieu, baron : je prends bien de la part…le baron (, le ramenant.)Ah çà, mon fils, je te prie : comment dis-tu qu'il se fait appeler ?le capitaineLe chevalier...
(BETSY, DRINK, ROBERT.)drink (, à Robert, en disputant.)Et moi, je te prie de te mêler de tes affaires. Quand je refuse la porte à quelqu'un, es-tu fait pour l'annoncer ?robertMais c'est que vous ignorez que le capitaine Cowerly est l'intime...
(DRINK, ROBERT.)drink (revient prendre la malle.)Que cela t'arrive encore.robertVoilà bien du bruit pour rien.(Ils enlèvent une malle, et sortent.)
(EUGÉNIE, BETSY.)(Eugénie sort de chez elle, marche lentement, comme quelqu'un enseveli dans une rêverie profonde. Betsy, qui la suit, lui donne un fauteuil ; elle s'assied en portant son mouchoir à ses yeux, sans parler. Betsy la considère quelque temps,...
eugénie (, assise, d'un ton bien douloureux.)J'ai beau rêver, je ne puis percer l'obscurité qui m'environne. Quand je cherche à me rassurer, tout m'accable… Personne dans le sein de qui répandre ma douleur… (Les valets viennent chercher la deuxième malle....
(EUGÉNIE, le BARON.)le baronTu es ressortie, mon enfant ; ton état m'inquiète.eugénie (, à part.)Que lui dirai-je ?(Elle veut se lever, son père la fait rasseoir.)le baron (, avec bonté.)Tes yeux sont rouges : tu as pleuré. Ma sœur t'aura...
(madame MURER accourant ; le BARON, EUGÉNIE.)madame murerQuel vacarme ! quels cris ! À qui en avez-vous donc, monsieur ?le baron (relevait sa fille ; il la jette sur son fauteuil, et reprend toute sa colère.)Ma sœur, ma sœur, laissez-moi....
(le BARON, madame MURER, DRINK, EUGÉNIE.)le baronVous avez raison ; je saurai bientôt… (Saisissant Drink au collet.) Viens ici, fripon : dis-moi tout ce que tu sais du mariage.drink (regarde autour de lui d'un air embarrassé.)Du mariage ! Est-ce qu'on...
(le BARON, madame MURER, EUGÉNIE.)madame murer (, avec horreur.)Il nous a trompés indignement ! Ma nièce n'est pas sa femme.eugénie (, les bras levés.)Dieu tout-puissant !(Elle tombe dans un fauteuil.)madame murerSon intendant a servi de ministre, et toute la race...
(madame MURER, EUGÉNIE.)eugénie (, courant dans les bras de sa tante.)Ah ! madame, m'abandonnerez-vous aussi ?madame murerNon, mon enfant ; écoutez-moi.eugénieAh ! ma tante, venez, secondez-moi : courons nous jeter aux pieds de mon père, implorons ses bontés, et sortons...
madame murer (, seule, la regarde aller.)Elle me quitte, et n'écrit pas… (Elle se promène.) Un père en fureur qui ne connaît plus rien ; une fille au désespoir qui n'écoute personne ; un amant scélérat qui comble la mesure…...
(madame MURER ; ROBERT, portant un bougeoir, rallume les bougies qui ont été éteintes sur la table pendant l'entr'acte : le salon est obscur.)madame murer (tient un billet, et en marchant se parle à elle-même.)Il viendra. (Au laquais.) Vous avez...
madame murer (, seule.)Il viendra !… Je te tiens donc à mon tour, fourbe insigne ! Le parti est violent… c'est le plus sûr… Il convient si bien au caractère du père !… Je dois pourtant l'en prévenir. (Elle regarde...
(le BARON, madame MURER.)madame murer (, d'un ton sombre.)Eh bien, monsieur, êtes-vous satisfait ? Il s'en est peu fallu que votre fille ne soit morte de frayeur.(le baron s'assied sans rien dire près de la table, et s'appuie la tête...
madame murer (, Seule.)Va, vieillard indocile, je saurai me passer de toi. J'ai fait le mal, ; c'est à moi seule à le réparer
(madame MURER, ROBERT.)robert (, accourant.)Madame, j'ai entendu essayer une clef à la serrure ; je suis accouru de toutes mes forces.madame murerRentrons vite. Je vais prendre ma nièce chez elle ; éteignez, éteignez.(Le laquais éteint les bougies ; ils sortent.)
(le COMTE, sir CHARLES.)(Le comte est en frac, le chapeau sur la tête et l'épée au fourreau dans une main ; de l'autre, il conduit sir Charles, qui a son épée nue sous le bras. Le salon est obscur.)le comteVous...
(madame MURER, EUGÉNIE ; le COMTE a posé son épée sur le fauteuil le plus près de la porte ; BETSY tient une lumière, elle rallume les bougies sur la table, et se retire ensuite.)madame murer (, attirant Eugénie à...
le comte (, seul.)(Elle se croit déshonorée : il suffit ; elle est à moi, elle sera à moi. Ah ! qu'ai-je fait ! Pour l'abandonner, il ne fallait pas la revoir.)
(le COMTE, sir CHARLES rentrant.)sir charles (, dans l'obscurité.)Milord ?le comteEst-ce vous, chevalier Campley ?sir charlesC'est moi.le comtePardon : encore un moment, et nous sortons ensemble.(Il veut entrer chez Eugénie.)sir charles (, l'arrêtant par le bras.)Mais ne craignez-vous rien, milord ...
sir charles (, seul, d'un air de méfiance.)Il y a un grand mouvement dans cette maison : on va, l'on court. J'ai vu du monde dans le jardin : on vient d'en fermer la porte… Il a l'air troublé, milord…...
(sir CHARLES, madame MURER.)madame murer (sort de la chambre d'Eugénie sans lumière, et dit à elle-même en marchant.)Le voilà à ses genoux, l'instant est favorable : allons.(Elle traverse le salon et sort par la porte du jardin.)
sir charles (, seul, écoute, et n'entendant plus rien dit :)Ha ! ha ! cette voix a un rapport singulier… (Il se promène en faisant le geste de quelqu'un qui rejette une idée bizarre.) C'est un homme bien lâche que...
(madame MURER, sir CHARLES.)madame murer (rentre, et dit à des gens qui sont derrière elle :)N'entrez que quand on vous le dira ; vous vous rangerez tous vers la porte, et à sa sortie vous fondrez sur lui et l'arrêterez....
(le BARON, sir CHARLES.)le baron (entre par la porte du vestibule, le chapeau sur la tête et l'épée au côté, sans lumière.)Le projet de ma sœur m'inquiète ; Clarendon serait-il ici ?sir charles ( tire son épée, et, marchant fièrement...
(le BARON, sir CHARLES.)(Des valets armés entrent précipitamment avec des flambeaux allumés par la porte du jardin.)le baron (, reconnaissant sir Charles.)Mon fils !sir charlesÔ ciel ! mon père !le baronPar quel bonheur es-tu chez moi à cette heure ?sir...
(madame MURER, le BARON, sir CHARLES, les gens.)madame murer (, accourant au bruit, et s'écriant d'étonnement.)Sir Charles !… C'est le ciel qui nous l'envoie.sir charles (, au désespoir.)Affreux événement ! Je n'ai plus que le choix d'être ingrat ou déshonoré.madame...
(madame MURER, le BARON, sir CHARLES, les gens, BETSY, le COMTE, EUGÉNIE.)eugénie (, au bruit, ouvre sa porte, et, retenant le comte, dit :)Ils sont armés ! dieux ! ne sortez pas.le comte (, le repoussant.)Je suis trahi. (À sir...
(EUGÉNIE, le BARON, madame MURER, leurs gens, sir CHARLES.)madame murer (, furieuse, se relevant et s'adressant à son neveu :)C'était donc pour l'arracher de nos mains que tu t'es rencontré ici ?sir charles (, troublé.)Vous me plaindrez tous, lorsque vous...
(le BARON, sir CHARLES, les gens.)sir charles (, du ton le plus terrible, en prenant la main du baron.)Et vous, mon père, recevez pour elle le serment que je fais… Oui, si la rage qui me possède ne m'a pas...
(sir CHARLES, madame MURER, sortant de la chambre d'Eugénie.)madame murerPassons ici, maintenant qu'elle est un peu calmée ; nous y parlerons avec plus de liberté.sir charles (, d'un ton terrible.)Après ce que vous venez de me dire, après tout ce...
(madame MURER, sir CHARLES, EUGÉNIE sortant de sa chambre, l'air troublé, l'habillement en désordre, les cheveux à bas, sans collier ni rouge, et absolument décoiffée.)eugénieQu'ai-je entendu ? Mon frère…sir charles (, lui baisant la main.)Chère et malheureuse Eugénie ! si...
(EUGÉNIE, madame MURER, BETSY.)eugénie (, continuant avec égarement.)Le spectacle de son épée sanglante, arrachée du sein de mon époux… (D'un ton étouffé.) Mon époux ! Quel nom j'ai prononcé ! Mes yeux se troublent… les sanglots me suffoquent…(Madame Murer et...
(les acteurs précédents, le BARON entre.)eugénie (lui crie avec désespoir :)Mon père, vous l'avez laissé sortir !le baron (, pénétré.)Crois-tu mon cœur moins déchiré que le tien ? N'augmente pas mes peines, lorsque le courage de ton frère va tout...
(EUGÉNIE, madame MURER, le BARON, sir CHARLES, sans épée.)le baron (, apercevant sir Charles.)Mon fils !madame murerSitôt de retour !le baronSommes-nous vengés ?sir charles (, d'un air consterné.)Ô mon père ! vous voyez un malheureux… À deux pas d'ici j'ai...
(le BARON, sir CHARLES, madame MURER, EUGÉNIE, les yeux fermés, renversée sur le fauteuil ; BETSY.)betsy (, accourant.)On frappe à coups redoublés.madame murerÀ l'heure qu'il est !… si malin… Courez. Qu'on n'ouvre pas.(Betsy sort.)
(madame MURER, le BARON, sir CHARLES, EUGÉNIE.)le baronPourquoi ?madame murerIl y a tout à craindre… un homme aussi méchant… son oncle…le baronQue peut-on nous faire ?madame murerAprès ce qui s'est passé cette nuit, mon frère… un ordre supérieur… votre fils…...
(les mêmes acteurs ; BETSY, accourant.)betsy (, tout essoufflée.)C'est le comte de Clarendon.sir charles (, madame murer, ensemble.)Clarendon !le baronJe le voudrais.betsyJe l'ai vu dans la cour… le même habit. Il me suit.
(les mêmes, le comte de CLARENDON entre précipitamment, sans épée.)le baron (, avec horreur.)C'est lui.madame murerIl veut la voir mourir.le baronIl mourra avant elle. (Il avance vers lui, et met l'épée à la main.) Défends-toi, perfide.sir charles (, se jetant...
"La Mère coupable" est la dernière pièce de théâtre écrite par Beaumarchais. Créée en 1792, soit huit ans après la première représentation de "Le Mariage de Figaro", cette pièce constitue...
"Le Mariage de Figaro" est une pièce de théâtre comique en cinq actes écrite par le célèbre dramaturge français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Créée en 1784, cette œuvre est la...
"Le Barbier de Séville" est l'une des pièces de théâtre les plus célèbres écrites par le dramaturge français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Créée en 1775, elle a connu un succès...