ACTE TROISIÈME - Scène VIII
(le BARON, madame MURER, EUGÉNIE.)
madame murer (, avec horreur.)
Il nous a trompés indignement ! Ma nièce n'est pas sa femme.
eugénie (, les bras levés.)
Dieu tout-puissant !
(Elle tombe dans un fauteuil.)
madame murer
Son intendant a servi de ministre, et toute la race infernale, de complices.
le baron (, frappant du pied.)
Rage ! fureur ! ô femmes, qu'avez-vous fait ?
madame murer (, effrayée.)
Mon frère, par pitié, suspendez vos reproches. Ne voyez-vous pas l'état où elle est ?
eugénie (, se relevant.)
Non, ne l'arrêtez pas. Je n'ai plus rien à craindre que de vivre… Mon père, j'implore votre colère…
le baron (, hors de lui.)
Et tu l'as méritée… Sexe perfide ! femmes, à jamais le trouble et le déshonneur des familles ! Noyez-vous maintenant dans des larmes inutiles… Avez-vous cru vous soustraire à mon obéissance ? Avez-vous cru violer impunément le plus saint des devoirs ? Tu l'as osé ; toutes les démarches se sont trouvées fausses ; tu as été séduite, trompée, déshonorée ; et le ciel t'en punit par l'abandon de ton père et sa malédiction.
eugénie (, s'élançant vers le baron, et le retenant.)
Ah ! mon père, ayez pitié de mon désespoir ; révoquez l'épouvantable arrêt que vous venez de prononcer !
le baron (, attendri, la repousse doucement.)
Ôtez-vous de mes yeux : vous m'avez rendu le plus misérable des hommes.
(Il sort.)