ACTE PREMIER - Scène III



(madame MURER, le BARON, EUGÉNIE.)
(Le ton de madame Murer, dans toute cette scène, est un peu dédaigneux.)

madame murer
J'espère que vous n'oublierez pas de vous faire écrire chez le lord comte de Clarendon, quoiqu'il soit à Windsor ; c'est un jeune seigneur fort de mes amis, qui nous prête cette maison pendant notre séjour à Londres, et vous sentez que ce sont de ces devoirs…

le baron (, la contrefaisant.)
Le lord comte un tel, un grand seigneur, fort mon ami : comme tout cela remplit la bouche d'une femme vaine !

madame murer
Ne voulez-vous pas y aller, monsieur ?

le baron
Pardonnez-moi, ma sœur ; voilà trois fois que vous le dites ; j'irai en sortant de chez le capitaine Cowerly.

madame murer
Comme il vous plaira pour celui-là, je ne m'y intéresse, ni ne veux le voir ici.

le baron
Comment ! le frère d'un homme qui va épouser ma fille !

madame murer
Ce n'est pas une affaire faite.

le baron
C'est comme si elle l'était.

madame murer
Je n'en crois rien. La belle idée de marier votre fille à ce vieux Cowerly qui n'a pas cinq cents livres sterling de revenu, et qui est encore plus ridicule que son frère le capitaine !

le baron
Ma sœur, je ne souffrirai jamais qu'on avilisse en ma présence un brave officier, mon ancien ami.

madame murer
Fort bien ; mais je n'attaque ni sa bravoure, ni son ancienneté : je dis simplement qu'il faut à votre fille un mari qu'elle puisse aimer.

le baron
De la manière dont les hommes d'aujourd'hui sont faits, c'est assez difficile.

madame murer
Raison de plus pour le choisir aimable.

le baron
Honnête.

madame murer
L'un n'exclut pas l'autre.

le baron
Ma foi, presque toujours. Enfin j'ai donné ma parole à Cowerly.

madame murer
Il aura la bonté de vous la rendre.

le baron
Quelle femme ! Puisqu'il faut vous dire tout, ma sœur, il y a entre nous un dédit de deux mille guinées : croyez-vous qu'on ait aussi la bonté de me le rendre ?

madame murer
Vous comptiez bien sur mon opposition, quand vous avez fait ce bel arrangement ; il pourra vous coûter quelque chose, mais je ne changerai rien au mien. Je suis veuve et riche, ma nièce est sous ma conduite, elle attend tout de moi ; et depuis la mort de sa mère, le soin de l'établir me regarde seule. Voilà ce que je vous ai dit cent fois ; mais vous n'entendez rien.

le baron (, brusquement.)
Il est donc assez inutile que je vous écoute : je m'en vais. Adieu, mon Eugénie ; tu m'obéiras, n'est-ce pas ?
(Il la baise au front, et sort.)
ACTE PREMIER - Scène I ACTE PREMIER - Scène II ACTE PREMIER - Scène III ACTE PREMIER - Scène IV ACTE PREMIER - Scène V ACTE PREMIER - Scène VI ACTE PREMIER - Scène VII ACTE PREMIER - Scène VIII ACTE PREMIER - Scène IX ACTE PREMIER - Scène X ACTE PREMIER - Scène XI ACTE DEUXIÈME - Scène I ACTE DEUXIÈME - Scène II ACTE DEUXIÈME - Scène III ACTE DEUXIÈME - Scène IV ACTE DEUXIÈME - Scène V ACTE DEUXIÈME - Scène VI ACTE DEUXIÈME - Scène VII ACTE DEUXIÈME - Scène VIII ACTE DEUXIÈME - Scène IX ACTE DEUXIÈME - Scène X ACTE DEUXIÈME - Scène XI ACTE DEUXIÈME - Scène XII ACTE DEUXIÈME - Scène XIII ACTE TROISIÈME - Scène I ACTE TROISIÈME - Scène II ACTE TROISIÈME - Scène III ACTE TROISIÈME - Scène IV ACTE TROISIÈME - Scène V ACTE TROISIÈME - Scène VI ACTE TROISIÈME - Scène VII ACTE TROISIÈME - Scène VIII ACTE TROISIÈME - Scène IX ACTE TROISIÈME - Scène X ACTE QUATRIÈME - Scène I ACTE QUATRIÈME - Scène II ACTE QUATRIÈME - Scène III ACTE QUATRIÈME - Scène IV ACTE QUATRIÈME - Scène V ACTE QUATRIÈME - Scène VI ACTE QUATRIÈME - Scène VII ACTE QUATRIÈME - Scène VIII ACTE QUATRIÈME - Scène IX ACTE QUATRIÈME - Scène ACTE QUATRIÈME - Scène XI ACTE QUATRIÈME - Scène XII ACTE QUATRIÈME - Scène XIII ACTE QUATRIÈME - Scène XIV ACTE QUATRIÈME - Scène XV ACTE QUATRIÈME - Scène XVI ACTE QUATRIÈME - Scène XVII ACTE QUATRIÈME - Scène XVIII ACTE QUATRIÈME - Scène XIX ACTE CINQUIÈME - Scène I ACTE CINQUIÈME - Scène II ACTE CINQUIÈME - Scène III ACTE CINQUIÈME - Scène IV ACTE CINQUIÈME - Scène V ACTE CINQUIÈME - Scène VI ACTE CINQUIÈME - Scène VII ACTE CINQUIÈME - Scène VIII ACTE CINQUIÈME - Scène IX

Autres textes de Beaumarchais

La Mère coupable

"La Mère coupable" est la dernière pièce de théâtre écrite par Beaumarchais. Créée en 1792, soit huit ans après la première représentation de "Le Mariage de Figaro", cette pièce constitue...

Le Mariage de Figaro

"Le Mariage de Figaro" est une pièce de théâtre comique en cinq actes écrite par le célèbre dramaturge français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Créée en 1784, cette œuvre est la...

Le Barbier de Séville ou La Précaution inutile

"Le Barbier de Séville" est l'une des pièces de théâtre les plus célèbres écrites par le dramaturge français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Créée en 1775, elle a connu un succès...


Les auteurs


Les catégories

Médiawix © 2024