"Le Barbier de Séville" est l'une des pièces de théâtre les plus célèbres écrites par le dramaturge français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Créée en 1775, elle a connu un succès immédiat et a été adaptée en opéra par le compositeur italien Gioachino Rossini en 1816. Cette comédie en quatre actes met en scène les aventures rocambolesques du jeune comte Almaviva, qui tombe amoureux de Rosine, une jeune et belle pupille du vieux médecin Bartholo. Avec l'aide de son ami Figaro, le barbier de Séville, Almaviva tente de conquérir le cœur de Rosine malgré les obstacles dressés par Bartholo. Cette pièce est une satire sociale de la noblesse et de la bourgeoisie de l'époque, mais elle est également une histoire d'amour pleine de rebondissements et d'intrigues. Elle est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre du théâtre français et a été adaptée à de nombreuses reprises au fil des siècles.
(Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées.)Le Comte ( seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant.)Le jour est moins avancé que je ne croyais. L'heure à...
(FIGARO, le COMTE, caché.)Figaro (une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main.)Bannissons le chagrin,Il nous consume :Sans le feu du bon vinQui nous rallume,Réduit...
(BARTHOLO, ROSINE.)(La jalousie du premier étage s'ouvre, et Bartholo et Rosine se mettent à la fenêtre.)RosineComme le grand air fait plaisir à respirer !… Cette jalousie s'ouvre si rarement !…BartholoQuel papier tenez-vous là ?RosineCe sont des couplets de la Précaution...
(Le COMTE, FIGARO. ) (Ils entrent avec précaution.)Le ComteÀ présent qu'ils sont retirés, examinons cette chanson dans laquelle un mystère est sûrement renfermé. C'est un billet !FigaroIl demandait ce que c'est que la Précaution inutile !Le Comte (lit vivement.)"Votre empressement...
(Le COMTE et FIGARO cachés, BARTHOLO.)Bartholo (sort en parlant à la maison.)Je reviens à l'instant ; qu'on ne laisse entrer personne. Quelle sottise à moi d'être descendu ! Dès qu'elle m'en priait, je devais bien me douter… Et Basile qui...
(Le COMTE, FIGARO.)Le ComteQu'ai-je entendu ? Demain il épouse Rosine en secret !FigaroMonseigneur, la difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre.Le ComteQuel est donc ce Basile qui se mêle de son mariage ?FigaroUn pauvre hère qui montre...
(Le théâtre représente l'appartement de Rosine. La croisée dans le fond du théâtre est fermée par une jalousie grillée.)Rosine ( , seule, un bougeoir à la main. Elle prend du papier sur la table et se met à écrire.)Marceline est...
(ROSINE, FIGARO.)Rosine ( surprise.)Ah ! monsieur Figaro, que je suis aise de vous voir !FigaroVotre santé, madame ?RosinePas trop bonne, monsieur Figaro. L'ennui me tue.FigaroJe le crois ; il n'engraisse que les sots.RosineAvec qui parliez-vous donc là-bas si vivement ?...
Rosine ( , seule.)Je meurs d'inquiétude jusqu'à ce qu'il soit dehors… Que je l'aime, ce bon Figaro ! c'est un bien honnête homme, un bon parent ! Ah ! voilà mon tyran ; reprenons mon ouvrage.(Elle souffle la bougie, s'assied,...
(BARTHOLO, ROSINE.)Bartholo (en colère.)Ah ! malédiction ! l'enragé, le scélérat corsaire de Figaro ! Là, peut-on sortir un moment de chez soi sans être sûr en rentrant…RosineQui vous met donc si fort en colère, monsieur ?BartholoCe damné barbier qui vient...
Bartholo (, seul.)Oh ! les juifs, les chiens de valets ! La Jeunesse ! l'Éveillé ! l'Éveillé maudit !
(BARTHOLO, L'ÉVEILLÉ.)L'Éveillé (arrive en bâillant, tout endormi.)Aah, aah, ah, ah…BartholoOù étais-tu, peste d'étourdi, quand ce barbier est entré ici ?L'ÉveilléMonsieur, j'étais… ah, aah, ah…BartholoÀ machiner quelque espièglerie, sans doute ? Et tu ne l'as pas vu ?L'ÉveilléSûrement je l'ai vu,...
(Les acteurs précédents, LA JEUNESSE arrive en vieillard, avec une canne en béquille ; il éternue plusieurs fois.)L'Éveillé (toujours bâillant.)La Jeunesse?BartholoTu éternueras dimanche.La JeunesseVoilà plus de cinquante… cinquante fois… dans un moment ! (Il éternue.) Je suis brisé.BartholoComment ! je...
(BARTHOLO, DON BASILE ; FIGARO, caché dans le cabinet, paraît de temps en temps, et les écoute.)Bartholo (continue.)Ah ! don Basile, vous veniez donner à Rosine sa leçon de musique ?BasileC'est ce qui presse le moins.BartholoJ'ai passé chez vous sans...
Figaro (, seul, sortant du cabinet.)Oh ! la bonne précaution ! Ferme, ferme la porte de la rue, et moi je vais la rouvrir au comte en sortant. C'est un grand maraud que ce Basile ! heureusement il est encore...
(ROSINE, accourant ; FIGARO.)RosineQuoi ! vous êtes encore là, monsieur Figaro ?FigaroTrès heureusement pour vous, mademoiselle. Votre tuteur et votre maître à chanter, se croyant seuls ici, viennent de parler à cœur ouvert…RosineEt vous les avez écoutés, monsieur Figaro ?...
(BARTHOLO, ROSINE.)RosineVous étiez ici avec quelqu'un, monsieur ?BartholoDon Basile que j'ai reconduit, et pour cause. Vous eussiez mieux aimé que c'eût été monsieur Figaro ?RosineCela m'est fort égal, je vous assure.BartholoJe voudrais bien savoir ce que ce barbier avait de...
(LE COMTE, BARTHOLO, ROSINE.)(Le Comte en uniforme de cavalier, ayant l'air d'être entre deux vins, et chantant : Réveillons-la, etc.)BartholoMais que nous veut cet homme ? Un soldat ! Rentrez chez vous, signora.Le Comte (chante : Réveillons-la, et s'avance vers...
(LE COMTE, BARTHOLO.)Le ComteOh ! je vous ai reconnu d'abord à votre signalement.Bartholo (au comte qui serre la lettre.)Qu'est-ce que c'est donc que vous cachez là dans votre poche !Le ComteJe le cache dans ma poche, pour que vous ne...
(ROSINE, LE COMTE, BARTHOLO.)Rosine (accourant.)Monsieur le soldat, ne vous emportez point, de grâce ! (À Bartholo.) Parlez-lui doucement, monsieur ; un homme qui déraisonne…Le ComteVous avez raison ; il déraisonne, lui ; mais nous sommes raisonnables, nous ! Moi poli,...
(BARTHOLO, ROSINE.)Bartholo (le regarde aller.)Il est enfin parti. (À part.) Dissimulons.RosineConvenez pourtant, monsieur, qu'il est bien gai, ce jeune soldat ! À travers son ivresse, on voit qu'il ne manque ni d'esprit, ni d'une certaine éducation.BartholoHeureux, m'amour, d'avoir pu nous...
Rosine (le regarde aller.)Ah ! Lindor ! Il dit qu'il me plaira !… Lisons cette lettre, qui a manqué de me causer tant de chagrin. (Elle lit et s'écrie.) Ha !… j'ai lu trop tard ; il me recommande de...
Bartholo (, seul et désolé.)Quelle humeur ! quelle humeur ! Elle paraissait apaisée… Là, qu'on me dise qui diable lui a fourré dans la tête de ne plus vouloir prendre leçon de don Basile ? Elle sait qu'il se mêle...
(BARTHOLO, LE COMTE, en bachelier.)Le ComteQue la paix et la joie habitent toujours céans !Bartholo (brusquement.)Jamais souhait ne vint plus à propos. Que voulez-vous ?Le ComteMonsieur, je suis Alonzo, bachelier, licencié…BartholoJe n'ai pas besoin de précepteur.Le Comte… Élève de don...
Le ComteMe voilà sauvé. Ouf ! que ce diable d'homme est rude à manier ! Figaro le connaît bien. Je me voyais mentir ; cela me donnait un air plat et gauche ; et il a des yeux !… Ma...
(LE COMTE, ROSINE, BARTHOLO.)Rosine (avec une colère simulée.)Tout ce que vous direz est inutile, monsieur, j'ai pris mon parti ; je ne veux plus entendre parler de musique.BartholoÉcoute donc, mon enfant ; c'est le seigneur Alonzo, l'élève et l'ami de...
(FIGARO, dans le fond ; ROSINE, BARTHOLO, LE COMTE.)Bartholo (chante.)Veux-tu, ma Rosinette,Faire empletteDu roi des maris ?Je ne suis point Tircis ;Mais la nuit, dans l'ombre,Je vaux encor mon prix ;Et quand il fait sombre,Les plus beaux chats sont gris.(Il...
(FIGARO, LE COMTE, ROSINE.)FigaroAh ! que nous l'avons manqué belle ! il allait me donner le trousseau. La clef de la jalousie n'y est-elle pas ?RosineC'est la plus neuve de toutes.
(BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE, ROSINE.)Bartholo (revenant.)(À part.) Bon ! je ne sais ce que je fais, de laisser ici ce maudit barbier. (À Figaro.) Tenez. (Il lui donne le trousseau.) Dans mon cabinet, sous mon bureau ; mais ne touchez...
(BARTHOLO, LE COMTE, ROSINE.)Bartholo (bas au comte.)C'est le drôle qui a porté la lettre au comte.Le Comte ( bas.)Il m'a l'air d'un fripon.BartholoIl ne m'attrapera plus.Le ComteJe crois qu'à cet égard le plus fort est fait.BartholoTout considéré, j'ai pensé qu'il...
(LE COMTE, ROSINE.)Le ComteProfitons du moment que l'intelligence de Figaro nous ménage. Accordez-moi, ce soir, je vous en conjure, madame, un moment d'entretien indispensable pour vous soustraire à l'esclavage où vous allez tomber.RosineAh ! Lindor !Le ComteJe puis monter à...
(ROSINE, BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE.)BartholoJe ne m'étais pas trompé ; tout est brisé, fracassé.FigaroVoyez le grand malheur pour tant de train ! On ne voit goutte sur l'escalier. (Il montre la clef au comte.) Moi, en montant, j'ai accroché une...
(Les acteurs précédents, don BASILE.)Rosine (effrayée, à part.)Don Basile !…Le Comte ( à part.)Juste ciel !Figaro (à part.)C'est le diable !Bartholo ( va au-devant de lui.)Ah ! Basile, mon ami, soyez le bien rétabli. Votre accident n'a donc point eu...
(Les acteurs précédents, excepté BASILE.)Bartholo (d'un ton important.)Cet homme-là n'est pas bien du tout.RosineIl a les yeux égarés.Le ComteLe grand air l'aura saisi.FigaroAvez-vous vu comme il parlait tout seul ? Ce que c'est que de nous ! (À Bartholo.) Ah...
(BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE.)BartholoLa colère me suffoque.Le ComteEn effet, seigneur, il est difficile qu'une jeune femme…FigaroOui, une jeune femme, et un grand âge, voilà ce qui trouble la tête d'un vieillard.BartholoComment ! lorsque je les prends sur le fait !...
Bartholo (, seul, les poursuit.)Je suis fou ! Infâmes suborneurs ! émissaires du diable, dont vous faites ici l'office, et qui puisse vous emporter tous… Je suis fou !… Je les ai vus comme je vois ce pupitre… et me...
(Le théâtre est obscur.)(BARTHOLO, don BASILE, une lanterne de papier à la main.)BartholoComment, Basile, vous ne le connaissez pas ? ce que vous dites est-il possible ?BasileVous m'interrogeriez cent fois que je vous ferais toujours la même réponse. S'il vous a remis...
Rosine (, seule, sortant de sa chambre.)Il me semblait avoir entendu parler. Il est minuit sonné ; Lindor ne vient point ! Ce mauvais temps même était propre à le favoriser. Sûr de ne rencontrer personne… Ah ! Lindor !...
(ROSINE, BARTHOLO.)Bartholo ( tenant de la lumière.)Ah ! Rosine, puisque vous n'êtes pas encore rentrée dans votre appartement…RosineJe vais me retirer.BartholoPar le temps affreux qu'il fait, vous ne reposerez pas, et j'ai des choses très pressées à vous dire.RosineQue me...
Rosine ( , seule.)Son amour me dédommagera !… Malheureuse !… (Elle tire son mouchoir et s'abandonne aux larmes.) Que faire ?… Il va venir. Je veux rester et feindre avec lui, pour le contempler un moment dans toute sa noirceur....
(LE COMTE ; FIGARO, enveloppé d'un manteau, paraît à la fenêtre.)Figaro (parle en dehors.)Quelqu'un s'enfuit ; entrerai-je ?Le Comte (en dehors.)Un homme ?FigaroNon.Le ComteC'est Rosine, que ta figure atroce aura mise en fuite.Figaro (saute dans la chambre.)Ma foi, je le...
(LE COMTE, ROSINE, FIGARO.)(Figaro allume toutes les bougies qui sont sur la table.)Le ComteLa voici. — Ma belle Rosine !…Rosine (d'un ton très compassé.)Je commençais, monsieur, à craindre que vous ne vinssiez pas.Le ComteCharmante inquiétude !… Mademoiselle, il ne me...
(Le NOTAIRE, don BAZILE, les acteurs précédents.)FigaroMonseigneur, c'est notre notaire.Le ComteEt l'ami Basile avec lui !BasileAh ! qu'est-ce que j'aperçois ?FigaroEh ! par quel hasard, notre ami…BasilePar quel accident, messieurs… ?Le NotaireSont-ce là les futurs conjoints ?Le ComteOui, monsieur. Vous...
(BARTHOLO, un alcade, des alguazils, des valets avec des flambeaux, et les acteurs précédents.)Bartholo (voit le comte baiser la main de Rosine, et Figaro qui embrasse grotesquement don Basile ; il crie, en prenant le notaire à la gorge.)Rosine avec...
"La Mère coupable" est la dernière pièce de théâtre écrite par Beaumarchais. Créée en 1792, soit huit ans après la première représentation de "Le Mariage de Figaro", cette pièce constitue...
"Le Mariage de Figaro" est une pièce de théâtre comique en cinq actes écrite par le célèbre dramaturge français Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Créée en 1784, cette œuvre est la...
(le baron HARTLEY, madame MURER, EUGÉNIE, BETSY.)(Le théâtre représente un salon à la française, du meilleur goût. Aux deux côtés du fond, on voit deux portes : celle à droite...