ACTE DEUXIÈME - Scène IV
(EUGÉNIE, le COMTE.)
eugénie (, avec joie.)
Apprenez la plus agréable nouvelle…
le comte
Si elle intéresse mon Eugénie…
eugénie
Mon père est enchanté de vous. Ah ! j'en étais bien sûre ! Il faisait votre éloge à l'instant. Je me serais mise de bon cœur à ses pieds pour le remercier. Il me rendait fière de mon époux. Je me suis sentie prête à lui tout avouer.
le comte (, ému.)
Vous me faites trembler ! Exposer tout ce que j'aime au brusque effet de son ressentiment !
eugénie (, vivement.)
Je sais qu'il est violent, mais il est mon père, il est juste, il est bon. Venez, milord, que notre profond respect le désarme. Entrons, ce moment sera le plus heureux…
le comte (, embarrassé.)
Eugénie ! quoi, vous voulez !… quoi, sans nulle précaution…
eugénie (, avec beaucoup de feu.)
Si jamais je te fus chère, c'est aujourd'hui qu'il faut me le prouver. Donne-moi cette marque de ton amour. Viens : depuis trop longtemps les soupçons odieux outragent ta femme ; les regards méchants la poursuivent. Fais cesser un si pénible état ; déchire le voile qui l'expose à rougir. Tombons aux genoux de mon père. Viens, il ne nous résistera pas.
le comte (, à part.)
Quel embarras ! (À Eugénie.)
Souffrez au moins que je le revoie encore avant, pour affermir ses bonnes dispositions.
eugénie (, lui prenant la main.)
Non : elles peuvent changer. La première impression est pour toi. Non, je ne te quitterai plus.