ACTE TROISIÈME - Scène VII
(le BARON, madame MURER, DRINK, EUGÉNIE.)
le baron
Vous avez raison ; je saurai bientôt… (Saisissant Drink au collet.)
Viens ici, fripon : dis-moi tout ce que tu sais du mariage.
drink (regarde autour de lui d'un air embarrassé.)
Du mariage ! Est-ce qu'on aurait appris… Oh ! maudit intendant !…
le baron (, vivement.)
Cet intendant ? Parleras-tu ?… Faut-il…
drink (, effrayé.)
Non, non, monsieur… Il n'est pas besoin que vous vous fâchiez pour cela. C'est le mariage que vous demandez ?
le baron
Oui.
drink(À part.)
Il faut mentir ici. (Haut.)
Il est véritable, le mariage.
le baron
Véritable ? Eh bien, ma sœur ?
madame murer
Il vous ment.
drink
Je ne mens pas, monsieur.
le baron (, avec violence.)
Tu ne mens pas, misérable ?
drink (, à part.)
Allons, tout est découvert ; quelque autre lettre sera venue.
le baron
Raconte-moi le fait : je veux l'entendre mot à mot de ta bouche.
drink
Monsieur… puisque vous le savez aussi bien que moi…
le baron
Traître !
madame murer (, retenant le baron.)
Mon frère !
le baron
Qu'il laisse son verbiage, et qu'il avoue.
drink (, cherchant et tirant une lettre de sa poche.)
Puisqu'il n'y a plus moyen de dissimuler… Voici une lettre de M. Williams, l'intendant de milord.
le baron (, lui arrachant la lettre.)
Pour qui ?
drink
Elle est adressée à madame.
madame murer
À moi ? D'où me vient cette préférence ? Et quel rapport cet intendant…
drink (, surpris.)
Comment, quel rapport ? C'est le même qui a fait le mariage…
madame murer (, prenant la lettre au baron.)
D'honneur, si j'y entends quelque chose. Elle est décachetée.
le baron
Mais apprends-moi comment il peut penser à se marier, étant l'époux de ma fille ?
drink (, tout à fait troublé.)
Quoi, monsieur ! c'est du nouveau mariage que vous parlez ?
le baron
Et duquel donc ?
madame murer (a lu.)
Ah ! le scélérat !
(Elle porte les mains à son visage, qu'elle couvre de la lettre chiffonnée.)
le baron
Qu'est-ce que c'est ?
drink
Me voilà perdu, je n'ai plus qu'à quitter l'Angleterre.
(Il sort.)