Acte II - Scène VII
(ÉDOUARD GABRIELLE)
ÉDOUARD(entrant du fond avec Gabrielle.)
Entrez ! n'ayez pas peur !
GABRIELLE(très émue, se laissant tomber sur une chaise à gauche de la table.)
Ah ! mon ami ! ces émotions me brisent ! Il me semble que dans la rue je lis dans tous les regards : voilà la femme Édouard qui va passer aujourd'hui en police correctionnelle !
ÉDOUARD
Non, Gabrielle, je vous assure qu'ils ne disent pas ça, les regards, et puis, vous n'y êtes pas encore en police correctionnelle ! Tout peut s'arranger.
GABRIELLE(avec doute. )
Oh ! ( Elle se lève.)
ÉDOUARD
Mais si ! mais si. Le commissaire n'est pas un ogre ! Nous lui avons écrit une lettre d'excuses très gentille, il ne peut pas demander plus !
GABRIELLE
Ça ne nous dit pas qu'il retirera sa plainte !
ÉDOUARD
Mais si ! Voyons ! D'abord le télégramme qu'il vient de nous envoyer en réponse à notre lettre est de bon augure.
GABRIELLE
Vous croyez ?
ÉDOUARD
Dame ? Qu'est-ce que vous voulez de plus ? Il s'excuse de ne pouvoir venir lui-même parce qu'il est malade ! Mais il nous envoie son frère. Il est probable que s'il nous envoie son frère, c'est qu'il veut entrer en conciliation !
GABRIELLE
Ah ! je compte sur le ciel !
ÉDOUARD(avec une moue. )
Le ciel ? Oui, mais surtout sur le commissaire ! Songez donc ! Nous sommes absolument entre ses mains.
GABRIELLE
Oui ! qu'il ne se désiste pas et tout est perdu ! C'est la condamnation, l'infamie !… Mon mari apprend toute la vérité ! je suis mise au ban de la société ! Oh ! non ! non ! Des excuses, tout ce qu'on voudra ! Mais pas ça ! pas ça !
ÉDOUARD
C'est pour cela que, quand M. Caponot va venir, il faudra être très aimable.
GABRIELLE
Oh ! n'ayez pas peur !
ÉDOUARD
Soyez plate.
GABRIELLE
Oui, plate et digne ! Mais j'y pense ! Si on ne le laissait pas monter ! Le concierge ne sait pas que nous sommes là, il ne nous a pas vus passer.
ÉDOUARD
C'est juste ! Il n'est jamais dans sa loge ! Je cours le prévenir ! (Il sort en courant.)
GABRIELLE
Oui ! C'est ça ! Allez ! allez !