ACTE III - SCÈNE V



(LES MÊMES, FRÈRE TIBERGE)

Frère Tiberge
La paix soit avec vous !

Première Vieille Fille
Ah ! mon Dieu… Je ne vous avais pas entendu frapper.

Frère Tiberge
Il ne sied pas aux messagers de douceur d'apporter le trouble nulle part, même par un léger bruit. Je viens implorer votre habituelle charité pour de nouveaux pauvres : les pauvres prisonniers.

Deuxième vieille fille
Les pauvres prisonniers !

Première Vieille Fille
Mais les pauvres sont des gens libres, errants, qui viennent en grand équipage de béquilles sonner de porte en porte, alors tout le monde se met aux fenêtres et vous regarde leur faire l'aumône dans la rue.
@Frère Tiberge (tendant la main)
.
Pour les pauvres prisonniers ! Le Père Ubu a dit qu'il se fortifierait dans la prison avec la Mère Ubu et ses nombreux disciples si l'on ne subvenait mieux aux douze repas qu'il entend faire par jour. Il a déclaré l'intention de mettre tout le monde sur le pavé, nu comme la main, pendant l'hiver, qu'il prédit fort rigoureux, tandis qu'il serait à l'abri, ainsi que ses suppôts, sans autre labeur que de découper ses griffes à la petite scie et de considérer la Mère Ubu broder des chaussons de lisière pour tenir chaud aux boulets des forçats !

Toutes
Douze repas ! Découper ses griffes ! Des pantoufles pour les boulets ! Nous ne lui donnerons rien, bien sûr !

Frère Tiberge
Dans ce cas, la paix soit avec vous, mes sœurs ! D'autres frapperont plus fort, vous entendrez mieux.
(Il sort. Entrent les Policiers et Démolisseurs. Les Dévotes s'enfuient. On casse les carreaux et grille les fenêtres. Les meubles sont enlevés et remplacés par de la paille qu'on humecte avec un arrosoir. Le salon est entièrement transformé au décor de la scène suivante :)

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