ACTE II - SCÈNE PREMIÈRE



(Le coupé de la diligence.)
(PÈRE UBU,ÉLEUTHÈRE)

Père Ubu
Ma douce enfant, vous voyez en moi le plus dévoué de vos esclaves : un mot de vous, cornegidouille ! que je sache si vous agréez mes services.

Éleuthère
Ce ne serait pas convenable, Monsieur. Je me souviens des leçons de mon oncle. Je ne dois permettre aucune liberté à aucun homme qu'en présence de mon oncle Pissembock.

Père Ubu
Votre oncle Pissembock ! Qu'à cela ne tienne, ma douce enfant ! Nous avons eu la prévoyance de l'emporter avec nous dans le coffre de cette voiture ! (Il brandit le cadavre de Pissembock. Éleuthère s'évanouit.)

Père Ubu
De par ma chandelle verte, cette jeune personne n'a pas bien compris que nous ne lui faisions pas la cour, ayant eu la précaution, comme de nous pourvoir de l'oncle, d'accrocher derrière la voiture notre bien-aimée Mère Ubu, qui nous crèverait la bouzine ! Nous quémandions près d'elle un poste de laquais ! Son oncle ne nous l'a pas refusé. Et maintenant, cornegidouille ! je veux aller monter la garde à la porte de cette dame pendant que la Mère Ubu lui prodiguera ses soins, vu qu'elle s'évanouit fort souvent. Je refuserai le cordon à ceux qui demanderont à la voir. Je la claquemurerai dans mes services de tous les instants. Je ne l'abandonnerai point. Vive l'esclavage !

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