ACTE III - SCÈNE PREMIÈRE



(Une prison.)
(PÈRE UBU, MÈRE UBU)

Père Ubu
Corne finance ! nous commençons à être bien vêtus : on nous a troqué notre livrée, un peu étroite pour notre giborgne, contre ces beaux costumes gris. Je me crois de retour en Pologne.

Mère Ubu
Et bien logés. On est aussi tranquille que dans le palais de Venceslas. Personne ne sonne plus ni n'enfonce de portes.
Eh oui ! les maisons de ce pays ne fermaient pas, on y entrait comme le yent dans un moulin à vent, alors j'ai fait fortifier celle-ci de bonnes portes de fer et de solides grilles à toutes les fenêtres. Les Maîtres observent exactement la consigne de venir deux fois par jour nous apporter notre repas ; et au moyen de notre science en physique nous avons inventé un dispositif ingénieux pour qu'il pleuve tous les matins à travers le toit, afin de maintenir suffisamment humide la paille de notre cachot.

Mère Ubu
Mais nous ne pourrons plus sortir quand nous voudrons, Père Ubu.

Père Ubu
Sortir ! J'en ai assez, des marches à la queue de mes armées à travers l'Ukraine. Je ne bouge plus, cornegidouille ! je reçois maintenant chez moi, et les bêtes curieuses ont permission, à des jours marqués, devenir nous voir.

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