ACTE II - Scène IV
(Figaro, La Comtesse, Le Comte, Florestine, Bégearss.)
(La Comtesse est en robe à peigner.)
Figaro (annonçant )
Madame la Comtesse.
Bégearss ( jette un regard furieux sur Figaro. A part )
Au diable le faquin !
La Comtesse (, au Comte )
Figaro m'avait dit que vous vous trouviez mal ; effrayée, j'accours, et je vois…
Le Comte
…Que cet homme officieux vous a fait encore un mensonge.
Figaro
Monsieur, quand vous êtes passé, vous aviez un air si défait… heureusement il n'en est rien… (Bégearss l'examine.)
La Comtesse
Bonjour, Monsieur Bégearss… Te voilà, Florestine ; je te trouve radieuse… Mais voyez donc comme elle est fraîche et belle ! Si le ciel m'eût donné une fille, je l'aurais voulue comme toi, de figure et de caractère. Il faudra bien que tu m'en tiennes lieu. Le veux-tu Florestine ?
Florestine (, lui baisant la main )
Ah ! Madame !
La Comtesse
Qui t'a donc fleurie si matin ?
Florestine (, avec joie )
Madame, on ne m'a point fleurie ; c'est moi qui ai fait des bouquets. N'est-ce pas aujourd'hui Saint-Léon ?
La Comtesse
Charmante enfant, qui n'oublie rien ! (Elle la baise au front. Le Comte fait un geste terrible ; Bégearss le retient.)
La Comtesse (, à Figaro )
Puisque nous voilà rassemblés, avertissez mon fils que nous prendrons ici le chocolat.
Florestine
Pendant qu'ils vont le préparer, mon parrain, faites-nous donc voir ce beau buste de Washington, que vous avez, dit-on, chez vous.
Le Comte
J'ignore qui me l'envoie ; je ne l'ai demandé à personne ; et, sans doute, il est pour Léon. Il est beau ; je l'ai là dans mon cabinet : venez tous.
(Bégearss en sortant le dernier, se retourne deux fois pour examiner Figaro qui le regarde de même. Ils ont l'air de se menacer sans parler.)