ACTE II - Scène III
(Florestine, Le Comte, Bégearss.)
Florestine (, un bouquet au côté )
On vous disait, Monsieur, si occupé, que je n'ai pas osé vous fatiguer de mon respect.
Le Comte
Occupé de toi, mon enfant ! ma fille ! Ah ! je me plais à te donner ce nom ; car j'ai pris soin de ton enfance. Le mari de ta mère était fort dérangé : en mourant il ne laissa rien. Elle-même, en quittant la vie, t'a recommandée à mes soins. Je lui engageai ma parole ; je la tiendrai, ma fille, en te donnant un noble époux. Je te parle avec liberté devant cet ami qui nous aime. Regarde autour de toi ; choisis ! Ne trouves-tu personne ici, digne de posséder ton cœur ?
Florestine (, lui baisant la main )
Vous l'avez tout entier, Monsieur, et si je me vois consultée, je répondrai que mon bonheur est de ne point changer d'état. — Monsieur votre fils, en se mariant… (car, sans doute, il ne restera plus dans l'ordre de Malte aujourd'hui)
, Monsieur votre fils, en se mariant, peut se séparer de son père. Ah ! permettez que ce soit moi qui prenne soin de vos vieux jours ! c'est un devoir, Monsieur, que je remplirai avec joie.
Le Comte
Laisse, laisse Monsieur réservé pour l'indifférence ; on ne sera point étonné qu'une enfant si reconnaissante me donne un nom plus doux ! Appelle-moi ton père.
Bégearss
Elle est digne, en honneur, de votre confidence entière… Mademoiselle, embrassez ce bon, ce tendre protecteur. Vous lui devez plus que vous ne pensez. Sa tutelle n'est qu'un devoir. Il fut l'ami… l'ami secret de votre mère… et, pour tout dire en un seul mot…