Truffaldino, puis Beatrice
Truffaldino
Un sou par jour en plus ; ça fait trente sous par mois. L'autre ne me donne même pas un Philippe par mois. Il me donne dix Paolis. C'est vrai que dix Paolis font un Philippe mais il ne faudrait pas me prendre pour un imbécile. Ce Seigneur de Turin est un jeunot sans barbe et sans cervelle. Tant pis pour lui… Allons à la poste pour cette nouvelle maîtresse. (Il tombe sur Beatrice.)
Beatrice
Ah te voilà, toi ! C'est comme ça que tu m'as attendu ?
Truffaldino
Je suis là, votre Seigneurie. Je vous attends.
Beatrice
Et pourquoi m'attends-tu ici et non à l'endroit où je te l'avais demandé ? C'est un hasard si je tombe sur toi.
Truffaldino
Je marchais un peu pour me faire passer la faim.
Beatrice
Vas tout de suite au coche d'eau. Fais-toi remettre ma malle et (désignant l'auberge)
apporte-la à l'auberge de Brighella.
Truffaldino (aux spectateurs)
Diable ! Dans la même auberge !
Beatrice
Tiens ! Tu en profiteras pour aller à la poste voir s'il y a des lettres pour moi et pour Beatrice Rasponi. Ma sœur devait venir avec moi mais elle a eu un empêchement et a dû rester à la campagne. Il est possible qu'une amie lui ait écrit.
Truffaldino (à part)
Je suis l'homme le plus empêtré du monde.
Beatrice
Vas, dépêche-toi de récupérer mes lettres et ma malle, je t'attends à l'auberge.
(Elle entre dans l'auberge.)
Truffaldino (en partant)
J'y vais … et faites-nous préparer le déjeuner en attendant.
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