La pièce "L'Éventail" (Il Ventaglio), écrite par Carlo Goldoni en 1765, est une comédie en trois actes qui se déroule dans un village italien. Elle repose sur une intrigue légère et pleine de quiproquos, centrée sur un simple éventail, qui passe de main en main et devient le prétexte à une série de malentendus, de jalousies et de réconciliations.
L’histoire débute avec le personnage de Candida, une jeune femme aimée de deux prétendants : Evaristo, un jeune homme sincère, et le Baron, un noble arrogant. Pour exprimer son affection, Evaristo achète un éventail pour Candida, mais il le confie à Giannina, une servante, pour le lui remettre. Cependant, une série de complications et d’interférences surviennent : Giannina perd l’éventail, qui finit par circuler parmi différents habitants du village, chacun interprétant à sa manière les intentions derrière ce cadeau.
Ce petit objet devient ainsi la source de nombreuses disputes, soupçons et incompréhensions entre les personnages, révélant leurs jalousies, leurs préjugés et leurs ambitions secrètes. L’éventail met également en lumière les relations sociales et les rivalités au sein du village, que ce soit entre les jeunes amoureux, les serviteurs ou les membres de la petite bourgeoisie.
La pièce se termine par un dénouement heureux : après bien des péripéties, les malentendus sont dissipés, et Candida accepte la déclaration d’amour d’Evaristo. L’éventail retrouve son rôle symbolique de cadeau galant, et l’harmonie est rétablie dans le village.
Traduction de M. ArnaudPERSONNAGES :EVARISTE. GERTRUDE, veuve.CANDIDE, sa nièce.LE BARON DU CEDRE LE COMTE DE ROCHE-MARINE TIMOTHEE, apothicaire. JEANNINE, jeune paysanne. SUZANNE, mercière. COURONNE, aubergiste CREPIN, cordonnier. NOIRAUD, paysan, frère de JEANNINE CITRONNET, garçon de café TONIN, serviteur de GERTRUDE...
(Au lever du rideau tous les personnages sont en scène et placés comme suit : GERTRUDE et CANDIDE sont assises sur la terrasse de leur villa, la première faisant de la dentelle et la seconde de la broderie. EVARISTE et...
(TONIN, sur la terrasse, donne l'éventail aux deux dames qui l'examinent et essaient de le raccommoder.) EVARISTE, SUZANNE et LES MEMES.EVARISTE (à part)Je regrette infiniment que cet éventail se soit cassé à cause de moi; je vais essayer de réparer...
EVARISTE ET SUZANNE sortant de la boutique, CANDIDE, SUZANNE et les mêmes.CANDIDE (observant à la dérobée)Comment? Monsieur EVARISTE est encore là ! Il n'est donc pas parti pour la chasse? Je suis bien curieuse de savoir pourquoi.SUZANNE (à EVARISTE)Vous n'avez...
TIMOTHEE, BRISEFER, CITRONNET, LE COMTE et LES MEMES.(TIMOTHEE sort de sa boutique, son pilon à la main. CITRONNET sort du café avec un bâton. BRISEFER sort de l'auberge avec une broche.) LE COMTE, (sortant de la maison de GERTRUDE pour...
SUZANNE seule. (Elle sort de sa boutique et arrange son étalage)SUZANNEOn ne fait guère d'affaires dans ce village ! Jusqu'à présent, je n'ai vendu qu'un éventail et même, je l'ai laissé à un prix… C'était vraiment pour m'en débarrasser. Les...
LA MEME plus CANDIDE qui sort de la villa.CANDIDEJe ne serai en repos que lorsque j'aurai tiré cette histoire au clair. J'ai vu Evariste sortir de chez la mercière et puis aller parler à Jeannine, et il lui a sûrement...
GERTRUDE sur le seuil de la villa, et LES MEMES.SUZANNE (à CANDIDE)Oh, voici Madame votre tante.CANDIDE (à SUZANNE)Pour l'amour du ciel, ne lui dites rien.SUZANNEIl n'y a pas de danger. (A part) Et elle prétendait qu'elle ne l'aimait pas. Tant...
LES MEMES plus LE COMTE et LE BARON qui sortent ensemble de l'auberge.LE COMTEJe suis heureux que vous m'ayez fait cette confidence. Fiez-vous à moi et ne craignez rien.LE BARONJe sais que vous êtes ami de Madame Gertrude.LE COMTEOh, mon...
LES MEMES plus COURONNE qui sort de l'auberge avec BRISEFER qui porte une barrique de vin sur son dos.COURONNEIllustrissime, cette barrique est pour vous.LE COMTEEt l'autre?COURONNEL'autre viendra ensuite; où voulez-vous qu'on la porte?LE COMTEA mon château.COURONNEA qui voulez-vous qu'on la...
JEANNINE qui sort de chez elle et LE COMTE.JEANNINEAllons, le dîner est prêt, et quand cet animal de Noiraud reviendra, il ne pourra pas crier. Personne ne me voit : il vaut mieux que j'aille porter maintenant son éventail à...
GERTRUDE et CANDIDE sortant de la boutique de la mercière, et LE COMTE.LE COMTEEt alors, Madame Gertrude?GERTRUDEMonsieur, ma nièce est une jeune fille sage et prudente.LE COMTEEt alors, bref?GERTRUDEVraiment, Monsieur le Comte, vous abusez un peu.LE COMTEExcusez-moi; si vous saviez...
LES MEMES plus JEANNINE sur la terrasse.JEANNINE (à part)Elle n'est pas là, je ne la trouve nulle part. Oh, la voici là-bas.LE COMTEAinsi donc, Madame Candide va épouser Monsieur le baron du Cèdre.JEANNINE (à part)Qu'entends-je ? Que va-t-elle répondre?GERTRUDE (au...
LES MEMES plus JEANNINE sortant de la villa.JEANNINEOh, Madame Candide…CANDIDE (avec colère)Que faites-vous ici, vous?JEANNINEJ'étais à votre recherche.CANDIDEAllez-vous-en et, dorénavant, n'ayez plus l'audace de mettre le pied chez nous.JEANNINEComment? Me faire une telle avanie à moi?CANDIDEQuelle avanie? Vous êtes une...
LES MEMES plus LE COMTE et LE BARON qui sortent de chez l'apothicaire pour aller chez GERTRUDE.LE COMTEAllons, allons.LE BARONJe viens, mais c'est parce que vous m'y forcez.GERTRUDE (à JEANNINE)Impertinente !(Après quoi elle entre chez elle et ferme la porte...
LES MEMES plus GERTRUDE sur la terrasse, puis CITRONNET et TONIN.GERTRUDEMessieurs, Messieurs, que se passe-t-il?LE COMTE (à GERTRUDE)Pourquoi nous avez-vous fermé la porte au nez?GERTRUDEMoi? Excusez-moi mais je ne suis pas capable de commettre une grossièreté envers qui que ce...
LA MEME plus EVARISTE et NOIRAUD venant de la rue, le premier son fusil sur l'épaule, le second son fusil à la main, une carnassière avec du gibier et le chien en laisse. Puis TONIN.EVARISTETenez, portez mon fusil chez vous....
LES MEMES plus COURONNE et BRISEFER qui reviennent d'où ils sont allés. BRISEFER va tout droit à l'auberge. COURONNE reste à l'écart pour écouter. Puis CREPIN.EVARISTEQue voulez-vous me donner?JEANNINEL'éventail.EVARISTEGardez-le, ne me tourmentez pas.JEANNINEVous me le donnez, cet éventail?EVARISTEOui, gardez-le, je...
LES MEMES plus COURONNE qui sort de l'auberge.COURONNEJe sais enfin le cadeau qu'a reçu Madame Jeannine.JEANNINEDe quoi vous mêlez-vous, vous?CREPIN (à COURONNE)De qui a-t-elle reçu un cadeau?COURONNEDe Monsieur Evariste.JEANNINECe n'est pas vrai.CREPINCe n'est pas vrai?COURONNE (à JEANNINE)Si, si, et je...
LES MEMES plus NOIRAUD sortant de chez lui avec sa serviette et mangeant.NOIRAUDQu'est-ce que c'est que ce vacarme?COURONNEVotre sœur a reçu un éventail en cadeau, elle l'a dans sa poche mais elle le nie.NOIRAUD (autoritaire, à JEANNINE)Donne-moi cet éventail.JEANNINE (à...
LES MEMES plus LE COMTE sur le terrasse, TIMOTHEE à sa devanture, puis LE BARON.LE COMTE (à voix très haute, avec précipitation)Holà, Monsieur Timothée !TIMOTHEEQue désirez-vous ?LE COMTEVite, vite, apportez des sels, des cordiaux. Madame Candide s'est trouvée mal.TIMOTHEEJe viens...
Scène muette jusqu'à l'arrivée du COMTE et du BARON.CREPIN sort de son échoppe avec du pain, du fromage, une assiette où il y a quelque chose à manger, et un récipient vide. Il fait de la place sur son établi...
LES MEMES plus COURONNE sortant de l'auberge.COURONNEA vos ordres, Monsieur le Baron.LE BARONMonsieur Evariste est-il arrivé?COURONNEJe ne l'ai pas encore vu, Monsieur le Baron. Je regrette, car le dîner est prêt et tout va être trop cuit.LE COMTEEvariste est capable...
LES MEMES plus GERTRUDE sortant de sa villa.GERTRUDE (à JEANNINE, avec gravité)Dites-moi, votre frère est-il de retour?JEANNINE (de mauvaise grâce, tout en se dirigeant vers chez elle)Oui, Madame.GERTRUDE (même jeu)Monsieur Evariste est sans doute de retour, lui aussi ?JEANNINE (même...
LE MEME plus CITRONNET sortant du café, puis COURONNE.CREPINOh, pourriez-vous me dire où est Monsieur Evariste?CITRONNETMoi? Est-ce que je suis son serviteur?CREPINBelle réponse vraiment ! Est-ce qu'il ne pourrait pas être dans votre boutique?CITRONNET (s'avançant)S'il y était, vous le verriez.CREPINCitronnet...
LE MEME plus LE COMTE à la fenêtre de l'auberge, puis JEANNINE.LE COMTEJ'ai entendu la voix de Citronnet. (Très haut.) Hé, jeune homme !CITRONNET (se tournant)Monsieur?LE COMTEApportez-nous deux bons cafés.CITRONNETPour qui, Illustrissime?LE COMTEPour moi.CITRONNETTous les deux pour vous?LE COMTEUn pour...
LA MEME plus EVARISTE qui sort du café en courant joyeusement, puis COURONNE.EVARISTEOh, la voici, la voici ! (A JEANNINE) J'ai de la chance,JEANNINE (ricanant)Ah oui? Que veut dire cette gaîté?EVARISTEOh, Jeannine, je suis l'homme le plus heureux, le plus...
LES MEMES plus CANDIDE sur la terrasse.CANDIDE (appelant)Monsieur Evariste !EVARISTE (à part)La voici, la voici : je suis désespéré.JEANNINEQue diable ! Ce n'est tout de même pas la fin du monde!CANDIDE (appelant de nouveau)Monsieur Evariste !EVARISTEAh, Candide, ma bien-aimée, je...
(CITRONNET sort du café, avec les deux tasses de café, se dirigeant vers l'auberge; NOIRAUD sort de chez lui et se précipite au secours d'EVARISTE.) CREPIN, TIMOTHEE et LES MEMES, puis LE COMTE.CREPIN (venant de la rue)Oh, voilà Monsieur Evariste!...
LE MEME plus LE BARON qui sort de l'auberge, puis TONIN.LE BARONVous m'avez planté là, mon ami.LE COMTEJ'ai vu que vous n'aviez pas envie de parler.LE BARONOui, c'est vrai, je n'arrive pas encore à retrouver mon calme… Dites-moi, vous semble-t-il...
LE MEME plus EVARISTE qui sort de chez JEANNINE.EVARISTE (à part)Oh, il est encore là; je craignais qu'il ne fût parti. Je ne sais comment le sommeil a pu s'emparer de moi au milieu de tant de peines. La fatigue…...
LES MEMES plus CREPIN sortant de la boutique de la mercière, puis JEANNINE.CREPIN (à part)Oh, le voici là-bas. (Haut) Monsieur, je vous salue. Madame Gertrude voudrait parler avec Votre Seigneurie. Elle est là, chez la mercière, et elle vous prie...
LES MEMES plus NOIRAUD sortant de chez lui.NOIRAUDQu'est-ce que vous faites là?JEANNINEDe quoi vous mêlez-vous?LE COMTEJeannine va se marier sous les auspices de ma protection.NOIRAUDBien, Monsieur, j'y consens, et toi, tu y consentiras de gré ou de force!JEANNINE (avec gravité)Oh ...
LES MEMES plus COURONNE sortant de l'auberge.COURONNEOn m'appelle?NOIRAUDVenez là, écoutez. Monsieur le Comte veut que ma sœur se marie…COURONNE (avec agitation)Monsieur le Comte…LE COMTEMoi, je suis un gentilhomme juste, un protecteur raisonnable et humain. Jeannine ne veut pas de vous,...
LES MEMES plus LE BARON sortant de chez l'apothicaire.LE BARONEh bien, Monsieur le Comte, avez-vous vu Madame Candide? Lui avez-vous donné l'éventail? Pourquoi m'avez-vous refusé le plaisir de le lui donner moi-même?JEANNINEComment ! ce n'est pas Monsieur Evariste qui l'a?LE...
LES MEMES plus GERTRUDE, EVARISTE et SUZANNE sortant tous de la mercerie. GERTRUDE, (à SUZANNE, — ) Ayez la bonté de faire descendre ma nièce, dites-lui que j'ai à lui parler et qu'elle vienne ici.SUZANNEA vos ordres, Madame. (Elle va...
LES MEMES plus CANDIDE et SUZANNE qui sortent de la villa.CANDIDEQue m'ordonne Madame ma tante?GERTRUDEAllons faire quelques pas.CANDIDE (à part)Oh, il est là, ce perfide Evariste !GERTRUDE (à CANDIDE)Comment se fait-il que vous n'ayez pas votre éventail?CANDIDEVous ne savez pas...
La pièce "Les Rustres" (I Rusteghi), écrite par Carlo Goldoni en 1760, est une comédie en trois actes qui critique les conventions rigides et l’autoritarisme des hommes dans la société...
La pièce "Arlequin, valet de deux maîtres" (Il servitore di due padroni), écrite par Carlo Goldoni en 1745, est une comédie en trois actes qui illustre parfaitement l'habileté de Goldoni...