SCÈNE XVIII


Dans la maison de Capulet.

Entrent Capulet, lady Capulet, la nourrice et des valets.

CAPULETremettant un papier au premier valet.
Tu inviteras toutes les personnes dont les noms sont écrits ici.

Le valet sort.

Au second valet.
Maraud, va me louer vingt cuisiniers habiles.

DEUXIÈME VALET.
Vous n’en aurez que de bons, monsieur, car je m’assurerai d’abord s’ils se lèchent les doigts.

CAPULET.
Et comment t’assureras-tu par là de leur savoir-faire ?

DEUXIÈME VALET.
Pardine, monsieur, c’est un mauvais cuisinier que celui qui ne se lèche pas les doigts : ainsi ceux qui ne se lécheront pas les doigts, je ne les prendrai pas.

CAPULET.
Bon, va-t’en.

Le valet sort.

Nous allons être pris au dépourvu cette fois. Eh bien, est-ce que ma fille est allée chez frère Laurence ?

LA NOURRICE.
Oui, ma foi.

CAPULET.
Allons, il aura peut-être une bonne influence sur elle. La friponne est si maussade, si opiniâtre !

Entre Juliette.

LA NOURRICE.
Voyez donc avec quelle mine joyeuse elle revient de confesse.

CAPULET.
Eh bien, mon entêtée, où avez-vous été comme ça ?

JULIETTE.
Chez quelqu’un qui m’a appris à me repentir de ma coupable résistance à vous et à vos ordres. Le vénérable Laurence m’a enjoint de me prosterner à vos pieds, et de vous demander pardon…

Elle s’agenouille devant son père.
Pardon, je vous en conjure ! Désormais je me laisserai régir entièrement par vous.

CAPULET.
Qu’on aille chercher le comte, et qu’on l’instruise de ceci. Je veux que ce nœud soit noué dès demain matin.

JULIETTE.
J’ai rencontré le jeune comte à la cellule de Laurence, et je lui ai témoigné mon amour autant que je le pouvais sans franchir les bornes de la modestie.

CAPULET.
Ah ! j’en suis bien aise… Voilà qui est bien… Relève-toi.

Juliette se relève.
Les choses sont comme elles doivent être… Il faut que je voie le comte. Morbleu, qu’on aille le chercher, vous dis-je. Ah ! pardieu, c’est un saint homme que ce révérend père, et toute notre cité lui est bien redevable.

JULIETTE.
Nourrice, voulez-vous venir avec moi dans mon cabinet ? Vous m’aiderez à ranger les parures que vous trouverez convenables pour ma toilette de demain.

LADY CAPULET.
Non, non, pas avant jeudi. Nous avons le temps.

CAPULET.
Va, nourrice, va avec elle.

Juliette sort avec la nourrice.

À lady Capulet.
Nous irons à l’église demain.

LADY CAPULET.
Nous serons pris à court pour les préparatifs : il est presque nuit déjà.

CAPULET.
Bah ! je vais me remuer, et tout ira bien, je te le garantis, femme ! Toi, va rejoindre Juliette, et aide-la à se parer ; je ne me coucherai pas cette nuit… Laisse-moi seul ; c’est moi qui ferai la ménagère cette fois… Holà !… Ils sont tous sortis. Allons, je vais moi-même chez le comte Pâris le prévenir pour demain. J’ai le cœur étonnamment allègre, depuis que cette petite folle est venue à résipiscence.

Ils sortent.

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