SCÈNE VI


Une route aux abords du jardin de Capulet.

Roméo entre précipitamment.

ROMÉOmontrant le mur du jardin.
Puis-je aller plus loin, quand mon cœur est ici ? En arrière, masse terrestre, et trouve ton centre.

Il escalade le mur et disparaît.

Entrent Mercutio et Benvolio.

BENVOLIO.
Roméo ! Mon cousin Roméo !

MERCUTIO.
Il a fait sagement. Sur ma vie, il s’est esquivé pour gagner son lit.

BENVOLIO.
Il a couru de ce côté et sauté par-dessus le mur de ce jardin. Appelle-le, bon Mercutio.

MERCUTIO.
Je ferai plus : je vais le conjurer… Roméo ! caprice ! frénésie ! passion ! amour ! apparais-nous sous la forme d’un soupir ! Dis seulement un vers, et je suis satisfait ! Crie seulement hélas ! accouple seulement amour avec jour ! Rien qu’un mot aimable pour ma commère Vénus ! Rien qu’un sobriquet pour son fils, pour son aveugle héritier, le jeune Abraham Cupido, celui qui visa si juste, quand le roi Cophétua s’éprit de la mendiante !… Il n’entend pas, il ne remue pas, il ne bouge pas. Il faut que ce babouin-là soit mort : évoquons-le. Roméo, je te conjure par les yeux brillants de Rosaline, par son front élevé et par sa lèvre écarlate, par son pied mignon, par sa jambe svelte, par sa cuisse frémissante, et par les domaines adjacents : apparais-nous sous ta propre forme !

BENVOLIO.
S’il t’entend, il se fâchera.

MERCUTIO.
Cela ne peut pas le fâcher ; il se fâcherait avec raison, si je faisais surgir dans le cercle de sa maîtresse un démon d’une nature étrange que je laisserais en arrêt jusqu’à ce qu’elle l’eût désarmé par ses exorcismes. Cela serait une offense : mais j’agis en enchanteur loyal et honnête ; et, au nom de sa maîtresse, c’est lui seul que je vais faire surgir.

BENVOLIO.
Allons ! il s’est enfoncé sous ces arbres pour y chercher une nuit assortie à son humeur. Son amour est aveugle, et n’est à sa place que dans les ténèbres.

MERCUTIO.
Si l’amour est aveugle, il ne peut pas frapper le but… Sans doute Roméo s’est assis au pied d’un pêcher, pour rêver qu’il le commet avec sa maîtresse. Bonne nuit, Roméo… Je vais trouver ma chère couchette ; ce lit de camp est trop froid pour que j’y dorme. Eh bien, partons-nous ?

BENVOLIO.
Oui, partons ; car il est inutile de chercher ici qui ne veut pas se laisser trouver.

Ils sortent.

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