ACTE II - SCENE II
FERRAILLON (à l'apparition de POCHE.)
Ah ! bien, quand on parle du loup!… Qu'est-ce qu'il y a, Poche ?
POCHE , esquissant le salut militaire, la voix bien traînée.
Une dépêche, chef !
FERRAILLON (l'imitant tout en allant à lui. )
"Une dépêche, chef !" Allons, donne!… (Prenant en passant la dépêche de la main de POCHE tout en allant à sa femme.)
Merci. (Voyant POCHE qui est descendu un peu à gauche et le contemple d'un air béat et attendri.)
Mon Dieu ! qu'il est laid, cet animal-là ! (A POCHE qui sourit béatement, tout en esquissant instinctivement des saluts militaires.)
As-tu fini de me regarder comme ça, imbécile ! (Tout en parlant, il a ouvert la dépêche; allant à la signature.)
Ah !… encore de Chandebise ! (A ce moment, EUGENIE paraît en haut de l'escalier et descend lentement pendant que FERRAILLON lit le contenu de la dépêche.)
"Retenir bonne chambre pour moi" …
OLYMPE (avec une pointe d'ironie. )
Eh ! bien, il y tient !
FERRAILLON
"Et y introduire qui la demandera à mon nom." (A EUGENIE qui est arrivée au bas des marches et à POCHE)
Vous avez entendu, vous autres ? Si on demande la chambre réservée à M. Chandebise, vous introduirez dans celle-ci.
(Il désigne la chambre de droite, premier plan.)
EUGENIE
Oui, Monsieur.
POCHE (sourire béat, salut militaire. )
Oui, chef.
FERRAILLON
Et maintenant, vous pouvez disposer. (EUGENIE sort par le couloir. POCHE reste sur place à contempler son maître)
Eh ! bien… T'as pas entendu ? espèce de cosaque ! (Le prenant par le bras et le faisant pivoter.)
Allez, ouste ! détale. (Il lui envoie un coup de pied quelque part. POCHE remonte, l'air radieux et gravit les marches de l'escalier sans quitter FERRAILLON du regard.)
Tiens ! regarde un peu s'il a l'air content ! Je te dis qu'il m'adore, cet animal-là. (Faisant brusquement la grosse voix.)
Veux-tu filer ! qu'est-ce que c'est que ça, donc !
(POCHE obéit avec précipitation et manque ainsi de tomber aux marches supérieures.)
OLYMPE (une fois POCHE disparu. )
C'est tout de même une bonne pâte !