ACTE DEUXIÈME - SCÈNE V
(Les mêmes, ANTOINE, puis JULES, amené par des agents.)
ANTOINE
Madame… Monsieur… une voiture vient de s'arrêter, des hommes en descendent… M. Jules est avec eux ; on l'amène.
M. et MADAME ROUSSEAU
Mon fils !
MADAME DU BROCARD
Mon neveu !
DUPRÉ
Oui… sans doute, une visite… des recherches dans ses papiers.
ANTOINE
Le voici !
JULES (paraît au fond, suivi par des agents et un juge d'Instruction ; il court vers sa mère.)
Ma mère ! ma bonne mère ! (Il embrasse sa mère.)
Ah ! je vous revois ! (À mademoiselle du Brocard.)
Ma tante !
MADAME ROUSSEAU
Mon pauvre enfant ! viens, viens… près de moi… ils n'oseront pas. (Aux agents qui s'avancent.)
Laissez ! Ah ! laissez-le.
ROUSSEAU (s'élançant vers eux.)
De grâce !…
DUPRÉ (au juge d'instruction.)
Monsieur…
JULES
Ma bonne mère, calmez-vous… Bientôt je serai libre… oui, croyez-le… et nous ne nous quitterons plus.
ANTOINE (à Rousseau.)
Monsieur, on demande à visiter la chambre de M. Jules.
ROUSSEAU (au juge d'instruction.)
À l'instant, Monsieur… je vais moi-même… (À Dupré, montrant Jules.)
Ne le quittez pas !…
(Il s'éloigne, conduisant le juge d'instruction, qui fait signe aux agents de surveiller Jules.)
JULES (prenant la main de de Verby.)
Ah ! général. (À Dupré.)
Et vous, monsieur Dupré, si bon, si généreux, vous êtes venu consoler ma mère… (Bas.)
Ah ! cachez-lui le danger que je cours. (Haut, regardant sa mère.)
Dites-lui la vérité. dites-lui qu'elle n'a rien à craindre.
DUPRÉ
Je lui dirai qu'elle peut vous sauver.
MADAME ROUSSEAU
Moi !
MADAME DU BROCARD
Comment ?
DUPRÉ (à madame Rousseau.)
En le suppliant de révéler le nom de ceux qui l'ont fait agir.
DE VERBY (à Dupré.)
Monsieur…
MADAME ROUSSEAU
Oui, oh ! tu le dois… Je l'exige, moi, ta mère.
MADAME DU BROCARD
Oui… mon neveu dira tout… entraîné par des gens qui maintenant l'abandonnent, il peut à son tour…
DE VERBY (bas à Dupré.)
Quoi ! Monsieur, vous conseilleriez à votre client de trahir…
DUPRÉ (vivement.)
Qui ?…
DE VERBY (troublé.)
Mais… ne peut-on trouver d'autres moyens ?… M. Jules sait ce qu'un homme de cœur se doit à lui-même.
DUPRÉ (vivement, à part.)
C'est lui… j'en étais sûr !
JULES (à sa mère et à sa tante.)
Jamais, dussé-je périr… je ne compromettrai personne….
(Mouvement de joie de de Verby.)
MADAME ROUSSEAU
Ah ! mon Dieu ! (Regardant les agents.)
Et pas moyen de le faire fuir !
MADAME DU BROCARD
Impossible !
ANTOINE (entrant.)
Monsieur Jules… c'est vous qu'on demande.
JULES
J'y vais !
MADAME ROUSSEAU
Ah ! je ne te quitte pas.
(Elle remonte et fait aux agents un geste de supplication.)
MADAME DU BROCARD (à Dupré, qui regarde attentivement de Verby.)
Monsieur Dupré, j'ai pensé qu'il serait…
DUPRÉ ( l'interrompant.)
Plus tard… Mademoiselle, plus tard.
(Il la conduit vers Jules, qui sort avec sa mère, suivi des agents.)