ACTE CINQUIÈME - SCÈNE IX



(Les précédents, DUPRÉ, revenant.)

DUPRÉ
Eh bien ! (Madame du Brocard lui remet la lettre qu'il a demandée ; Verby lui donne la sienne ; Rousseau l'examine.)
Enfin !… (De Verby lance un regard furieux à Dupré et à la famille, et sort vivement. À Rousseau.)
Et vous, Monsieur ?

ROUSSEAU
Je laisse mon fils maître de faire ce qu'il voudra.

MADAME ROUSSEAU
Ô mon ami !

DUPRÉ (à part.)
Il le croit loin d'ici.

ROUSSEAU
Mais Jules est à Bruxelles, et il faut qu'il revienne.

DUPRÉ
Oh ! c'est parfaitement juste !… Il est bien clair que je ne peux pas exiger qu'à la minute… ici… tandis que lui… là-bas !… Ça n'aurait pas de sens.

ROUSSEAU
Certainement !… plus tard !…

DUPRÉ
Dès qu'il sera de retour.

ROUSSEAU
Oh ! dès qu'il sera de retour. (À part.)
J'aurai soin de l'y faire rester.

DUPRÉ (allant vers la porte de gauche.)
Venez… venez, jeune homme… remercier votre famille, qui consent à tout.

MADAME ROUSSEAU
Jules !

MADAME DU BROCARD
Mon neveu !

JULES
Il se pourrait ?

DUPRÉ (courant à l'autre chambre.)
Et vous Paméla !… mon enfant !… ma fille !… embrassez votre mari !
(Jules s'élance vers elle.)

MADAME DU BROCARD (à Rousseau.)
Comment se fait-il ?

DUPRÉ
Elle n'a pas été arrêtée !… elle ne le sera pas !… Je n'ai pas de titres, moi… je ne suis pas le frère d'un pair de France !… mais j'ai quelque crédit. On a eu pitié de son dévouement… L'affaire est étouffée… c'est ce que m'écrit M. le garde des sceaux par une estafette, un cavalier que ce nigaud a pris pour un régiment.

BINET
On ne voit pas bien par une lucarne.

MADAME DU BROCARD
Monsieur, vous nous avez surpris ; je reprends ma parole.

DUPRÉ
Et moi, je garde votre lettre. Vous voulez un procès ?… bien… je plaiderai.

GIRAUD et MADAME GIRAUD (, qui se sont approchés.)
M. Dupré !…

DUPRÉ
Êtes-vous contents de moi ?… (Pendant ce temps, Jules et madame Rousseau ont supplié Rousseau de se laisser fléchir ; Rousseau hésite, et finit par embrasser au front Paméla, qui s'est approchée en tremblant. Dupré s'avance vers Rousseau, et, le voyant embrasser Paméla, il lui tend la main en disant.)
Bien, Monsieur !… (À Jules, l'interrogeant.)
Elle sera heureuse ?…

JULES
Ah ! mon ami !…
(Paméla baise la main de Dupré.)

BINET (à Dupré.)
Dites donc, Monsieur, faut-il que je sois bête !… ne le dites pas !… il l'épouse… et je me sens attendri !… Au moins, est-ce qu'il ne me reviendra pas quelque chose ?

DUPRÉ
Si fait ! je te donne mes honoraires dans cette affaire.

BINET
Ah ! comptez sur ma reconnaissance.

DUPRÉ
C'est sur ton reçu que tu veux dire !
(Fin de Paméla Giraud.)

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