(Les mêmes, moins FERDINAND, RAMEL, LE JUGE et BAUDRILLON.)
GODARD
Je vais savoir, dans l'instant, si Pauline aime M. Ferdinand. Ce gamin, qui demande en quoi est faite la justice, me parait très-farceur, il me servira.
(Félix paraît.)
GERTRUDE
Le café.
(Félix apporte le guéridon où les tasses sont déposées.)
GODARD (qui a pris Napoléon à part.)
Veux-tu faire une bonne farce ?
NAPOLÉON
Je crois bien. Vous en savez ?
GODARD
Viens, je vais te dire comment il faut t'y prendre.
(Godard va jusqu'au perron avec Napoléon.)
LE GÉNÉRAL
Pauline, mon café. (Pauline le lui apporte.)
Il n'est pas assez sucré. (Pauline lui donne du sucre.)
Merci, petite.
GERTRUDE
Monsieur de Rimonville ?
LE GÉNÉRAL
Godard ?…
GERTRUDE
Monsieur de Rimonville ?
LE GÉNÉRAL
Godard, ma femme vous demande si vous voulez du café ?
GODARD
Volontiers, madame la comtesse.
(Il vient a une place d'où Il peut observer Pauline.)
LE GÉNÉRAL
Oh ! que c'est agréable de prendre son café bien assis !
NAPOLÉON
Maman, maman ! mon bon ami Ferdinand vient de tomber ; il s'est cassé la jambe, car on le porte.
VERNON
Ah ! bah !
LE GÉNÉRAL
Quel malheur !
PAULINE
Ah ! mon Dieu !
(Elle tombe sur un fauteuil.)
GERTRUDE
Que dis-tu donc là ?
NAPOLÉON
C'est pour rire ! Je voulais voir si vous aimiez mon bon ami.
GERTRUDE
C'est bien mal, ce que tu fais là ; tu n'es pas capable d'inventer de pareilles noirceurs ?
NAPOLÉON (tout bas.)
C'est Godard.
GODARD
Il est aimé, elle a été prise à ma souricière, qui est infaillible.
GERTRUDE (à Godard, à qui elle tend un petit verre.)
Savez-vous, Monsieur, que vous seriez un détestable précepteur ? C'est bien mal à vous d'apprendre de semblables méchancetés à un enfant.
GODARD
Vous trouverez que j'ai très-bien fait, quand vous saurez que par ce petit stratagème de société j'ai pu découvrir mon rival.
(Il montre Ferdinand, qui entre.)
GERTRUDE (elle laisse tomber le sucrier.)
Lui !
GODARD (à part.)
Elle aussi !
GERTRUDE (haut.)
Vous m'avez fait peur.
LE GÉNÉRAL (qui s'est levé.)
Qu'as-tu donc, ma chère enfant ?
GERTRUDE
Rien ; une espiéglerie de monsieur, qui m'a dit que le procureur du roi revenait. Félix, emportez ce sucrier, et donnez-en un autre.
VERNON
C'est la journée aux événements.
GERTRUDE
Monsieur Ferdinand, vous allez avoir du sucre. (À part.)
Il ne la regarde pas. (Haut.)
Eh bien ! Pauline, tu ne prends pas un morceau de sucre dans le café de ton père ?
NAPOLÉON
Ah ! bien, oui, elle est trop émue ; elle a fait : Ah !
PAULINE
Veux-tu te taire, petit menteur ! tu ne cesses de me taquiner.
(Elle s'assied sur son père et prend un canard.)
GERTRUDE
Ce serait vrai ? et moi qui l'ai si bien habillée ! (À Godard.)
Si vous aviez raison, votre mariage se ferait dans quinze jours. (Haut.)
Monsieur Ferdinand, votre café.
GODARD
J'en ai donc pris deux dans ma souricière ! Et le général si calme, si tranquille, et cette maison si paisible !… Ça va devenir drôle… je reste, je veux faire le whist ! Oh ! je n'épouse plus. (Montrant Ferdinand.)
En voila-t-il un homme heureux ! aimé de deux femmes charmantes, délicieuses ! quel factotum ! Mais qu'a-t-il donc de plus que moi, qui ai quarante mille livres de rente ?
GERTRUDE
Pauline, ma fille, présente les cartes à ces messieurs pour le whist. Il est bientôt neuf heures… s'ils veulent faire leur partie, il ne faut pas perdre de temps. (Pauline arrange les cartes.)
Allons, Napoléon, dites bonsoir à ces messieurs, et donnez bonne opinion de vous, en ne gaminant pas comme vous faites tous les soirs.
NAPOLÉON
Bonsoir, papa. Comment donc est faite la justice ?
LE GÉNÉRAL
Comme un aveugle ! Bonne nuit, mon mignon !
NAPOLÉON
Bonsoir, monsieur Vernon ! De quoi est donc faite la justice ?
VERNON
De tous nos crimes. Quand tu as commis une sottise, on te donne le fouet; voilà la justice.
NAPOLÉON
Je n'ai jamais eu le fouet.
VERNON
On ne t'a jamais fait justice, alors!
NAPOLÉON
Bonsoir, mon bon ami! bonsoir, Pauline ! adieu, monsieur Godard.
GODARD
De Rimonville.
NAPOLÉON
Ai-je été gentil ?
(Gertrude l'embrasse.)
LE GÉNÉRAL
J'ai le roi.
VERNON
Moi, la dame.
FERDINAND (à Godard.)
Monsieur, nous sommes ensemble.
GERTRUDE (voyant Marguerite.)
Dis bien tes prières, ne fais pas enrager Marguerite… va, cher amour.
NAPOLÉON
Tiens, cher amour !… en quoi c'est y fait l'amour? (Il s'en va.)
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