(Les mêmes, GERTRUDE, MARGUERITE.)
GERTRUDE
Des chants d'église !… Quoi ! la justice encore ici ?… Que se passe-t-il donc ?… (Elle va sur la porte de la chambre de Pauline et recule épouvantée devant Marguerite.)
Ah !
MARGUERITE
On prie sur le corps de votre victime !
GERTRUDE
Pauline ! Pauline ! morte !…
LE JUGE
Et vous l'avez empoisonnée, Madame !…
GERTRUDE
Moi ! moi ! moi ! Ah ça ! suis-je éveillée ?… (À Ramel.)
Ah ! quel bonheur pour moi ! car vous savez tout, vous ! Me croyez-vous capable d'un crime ?… Comment, je suis donc accusée ?… Moi, j'aurais attenté à ses jours… mais je suis femme d'un vieillard plein d'honneur, et j'ai un enfant… un enfant devant qui je ne voudrais pas rougir… Ah ! la justice sera pour moi… Marguerite, que l'on ne sorte pas ! Oh ! Messieurs !… Ah ça que s'est-il donc passé depuis hier soir, que j'ai laissé Pauline un peu souffrante ?…
LE JUGE
Madame, recueillez-vous ! Vous êtes en présence de la justice de votre pays.
GERTRUDE
Ah ! je me sens toute froide…
LE JUGE
La justice, en France du moins, est la plus parfaite des justices criminelles : elle ne tend jamais de piéges, elle marche, elle agit, elle parle à visage découvert, car elle est forte de sa mission, qui est de chercher la vérité. Dans ce moment, vous n'êtes qu'inculpée, et vous devez ne voir en moi qu'un protecteur. Mais dites la vérité, quelle qu'elle soit. Le reste ne nous regarde plus…
GERTRUDE
€h ! Monsieur, menez-moi là, et devant Pauline, je vous crierai ce que je vous crie : Je suis innocente de sa mort !…
LE JUGE
Madame !…
GERTRUDE
Voyons, pas de ces longues phrases où vous enveloppez les gens. Je souffre des douleurs inouïes ! Je pleure Pauline comme si c'était ma fille, et… je lui pardonne tout ! Que voulez-vous ? Allez, je répondrai.
RAMEL
Que lui pardonnez-vous ?…
GERTRUDE
Mais je…
RAMEL (, bas.)
De la prudence !
GERTRUDE
Ah ! vous avez raison. Partout des précipices !
LE JUGE (au greffier.)
Vous écrirez plus tard les nom et prénoms, prenez les notes pour le procès-verbal de cet interrogatoire (À Gertrude.)
Avez-vous hier administré, vers midi, de l'opium dans du thé à mademoiselle de Grandchamp ?
GERTRUDE
Ah ! docteur… Vous !
RAMEL
N'accusez pas le docteur, il s'est déjà trop compromis pour vous ! répondez au juge !
GERTRUDE
Eh bien, c'est vrai !
LE JUGE (il présente la tasse.)
Reconnaissez-vous ceci ?
GERTRUDE
Oui, Monsieur. Après ?
LE JUGE
Madame a reconnu la tasse, et avoue y avoir mis de l'opium. Cela suffit, quant à présent, sur cette phase de l'instruction.
GERTRUDE
Mais vous m'accusez donc ?… et de quoi ?
LE JUGE
Madame, si vous ne vous disculpez pas du dernier fait, vous pourrez être prévenue du crime d'empoisonnement. Nous allons chercher les preuves de votre innocence ou de votre culpabilité.
GERTRUDE
Où ?
LE JUGE
Chez vous ! Hier vous avez fait boire à mademoiselle de Grandchamp une infusion de feuilles d'oranger dans cette seconde tasse qui contient de l'arsenic.
GERTRUDE
Oh ! est-ce possible !
LE JUGE
Vous nous avez déclaré avant-hier que la clef de votre secrétaire, où vous serriez le paquet de cette substance, ne vous quittait jamais.
GERTRUDE
Elle est dans la poche de ma robe… Oh ! merci, Monsieur !… ce supplice va finir.
LE JUGE
Vous n'avez-donc fait encore aucun usage de…
GERTRUDE
Non ; vous allez trouver le paquet cacheté.
RAMEL
Ah ! Madame, je le souhaite.
LE JUGE
J'en doute ; c'est une de ces audacieuses criminelles…
GERTRUDE
La chambre est en désordre, permettez…
LE JUGE
Oh ! non, non, nous entrerons tous trois.
RAMEL
Il s'agit de votre innocence.
GERTRUDE
Oh ! entrons, Messieurs !
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