Comme un troupeau de bœufs qui rentre dans l’étable
Les pauvres gens, allez vers la tranquille mort,
Elle seule vous est clémente et favorable
Et vous accordera, sans peine et sans effort.
La maison, le repos, le plaisir et la table.
Blessés de la chaleur et tourmentés du froid.
Vous passez, foule grave et toujours étonnée,
Sachant que vous n’avez de place en nul endroit
Et que vous trouverez dans la mort fortunée
La jouissance exacte et sûre de vos droits.
Vous, à qui la clarté ne fut jamais offerte
Dans le tumulte obscur des profondes cités,
Voici que vous serez dans la campagne ouverte
Les bras pleins de loisirs, et le vent de l’été
Fera passer sur vous l’odeur des pommes vertes.
Gens qui marchez parmi les cœurs indifférents.
Vêtus d’humilité, de surprise et de gêne,
L’âpre mort vous fera monter au premier rang
Et le printemps joyeux vous portera les graines
Du pavot orgueilleux et des lis odorants.
Vous, pour qui le soleil et la lune paisible
N’eurent point de douceur et point de bons regards,
Vous dormirez les yeux tournés vers l’invisible,
Et la prudente mort sera pleine d’égards
Pour vos corps douloureux et pour vos cœurs sensibles.
Vous ne sentirez plus sur vos fronts hébétés
Couler la brume et l’eau des saisons qui s’égouttent,
Vous ne saurez plus rien des jours qui ont été,
Et le temps infini continuera sa route
Afin que votre oubli ait son éternité…
À L’AMITIÉ, Sentiment divin par qui, selon la présence ou l’absence, nous sommes vivants ou tués, je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour, passion cruelle et vaine. A. N.ICe fut...