Rhodocleia, penchée aux buissons du chemin,
Emplissait de feuillage et de haies sa corbeille,
Quand le berger Hylas lui a mordu la main
D’un baiser plus cuisant que le dard de l’abeille.
Elle a senti glisser jusqu’au fond de son cœur
L’aiguillon et le miel de la rude caresse,
Et les pas chancelants de plaisir et de peur
Elle a marché longtemps dans la luzerne épaisse.
Et quand elle est rentrée à la maison, le soir,
Son cœur était si lourd et si chaud dans sa gorge
Qu’elle a dû regagner sa couche sans s’asseoir
Autour du plat de noix, de châtaignes et d’orge.
Ce repas odorant qu’elle n’a pu manger
– Pensant que c’est ainsi que l’amour se révèle —
Rhodocleia qu’émut le baiser du berger
L’offre pieusement à Vénus immortelle…
À L’AMITIÉ, Sentiment divin par qui, selon la présence ou l’absence, nous sommes vivants ou tués, je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour, passion cruelle et vaine. A. N.ICe fut...