Dieux gardiens des troupeaux qui tenez des houlettes
Rendez-nous l’innocence ancestrale des bêtes ;
Afin que nous ayons l’endurance des maux,
Donnez-nous la douceur des sobres animaux.
— Faîtes que nous ayons dans nos peines insignes
L’isolement muet et le dédain des cygnes ;
Donnez-nous pour souffrir le destin hasardeux
L’indolence soumise et distraite des bœufs ;
Faites que notre cœur où l’enfance se fane
Ait la gaité robuste et la candeur de l’âne ;
Donnez-nous pour lutter contre les serments faux
La défiance adroite et vive des oiseaux ;
Faites que nous ayons pour honorer nos veilles
L’activité joyeuse et grave des abeilles ;
Donnez-nous pour calmer nos désirs et nos goûts
L’insensibilité profonde des hiboux,
Et, dans les jours cruels où la raison divague,
Le calme des poissons arrêtés sur les vagues ;
Faites que nous gardiens le sens mystérieux
De l’infini qui dort dans le fond de leurs yeux,
— Et délivrez nos corps, misérables en somme,
De l’âme glorieuse et maudite de l’homme !
À L’AMITIÉ, Sentiment divin par qui, selon la présence ou l’absence, nous sommes vivants ou tués, je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour, passion cruelle et vaine. A. N.ICe fut...