Mon cœur, plein de douceur et plein d’étonnement,
Cessez de vous mêler à la foule des hommes,
Leurs cris passent vos sens et votre entendement ;
Demeurons l’être simple et tendre que nous sommes…
Craignez les jeux cruels qu’on mène en leurs maisons,
Ils vous détourneraient de la sainte nature,
De l’odeur des jardins et du goût des saisons :
Aimez ce qui renaît, ce qui chante et qui dure.
Vivez sans rechercher leur amère union.
Respirez au milieu des plantes et des bêtes,
Ce sont de fraternels et sages compagnons,
Innocents, sérieux et doux comme vous êtes.
Devant la nuit tranquille et la bonté du jour
Ces hommes ont le cœur plein de crainte et de haine,
Et vous êtes enclin aux œuvres de l’amour
Qui répand sa rosée et ne sait pas sa peine.
— Voyez comme leur bruit et leurs emportements
Accablent le matin limpide et l’ont injure
À la raison, ainsi qu’au juste sentiment
Qui veut que l’on choisisse et goûte avec mesure
Bondissant sous le joug de leur pesante humeur
Ils sont bandés de peur, de colère et d’envie…
Et pourtant le jour naît, suit son destin et meurt,
— Ils ne changeront rien à l’ordre de la vie.
Mon cœur, entendez-vous cet oiseau buissonnier.
Tout, en dehors de l’air étincelant, est sombre,
Voici l’été touffu, voyez ce marronnier,
Nous allons tous les deux nous vêtir de son ombre…
À L’AMITIÉ, Sentiment divin par qui, selon la présence ou l’absence, nous sommes vivants ou tués, je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour, passion cruelle et vaine. A. N.ICe fut...