Scène XVIII



(GENTILLAC , RIGOLIN , BAMBOCHE , PUIS ARTÉMISE Ils se regardent, puis éclatent de rire.)

GENTILLAC
En voilà une histoire !

RIGOLIN
Ah ! bien, j'ai fait un joli coup !… j'ai cru que c'était son gibier de l'Opéra…

GENTILLAC
Eh ! non, malheureux… il est là, son gibier… Il est même faisandé.
(Il indique le cabinet de toilette.)

RIGOLIN
Là… ?

GENTILLAC
Oui… Tiens, le voilà !
(Artémise sort, la figure presque entièrement recouverte de sa dentelle.)

ARTÉMISE(à Gentillac. )
Et maintenant, je pars !

RIGOLIN
Ah ! te voilà, joli masque…
(Il lui prend la taille.)

ARTÉMISE
Mon neveu !
(Elle découvre son visage.)

RIGOLIN
Ma tante Marjevol !

BAMBOCHE ET GENTILLAC
Sa tante !

RIGOLIN
Ma tante, ici !
(Elle indique Gentillac et descend à gauche.)

RIGOLIN
Ah ! lui ?… mais il me connaît.

ARTÉMISE
Je vous dis de donner votre carte. Monsieur m'a insultée !… Si vous voulez rester mon neveu, faites ce que je vous dis.

RIGOLIN
Diable ! (à Gentillac ; bas)
. Dis donc… voilà ma carte puisqu'elle le veut… Nous arrangerons ça à l'amiable.

ARTÉMISE
Vous tuerez Monsieur !

RIGOLIN
C'est ce que je lui disais…

GENTILLAC(regardant la carte. )
Tiens, tu as donc déménagé ?

RIGOLIN
Oui, c'était trop cher par là.

ARTÉMISE
Et maintenant vous allez me ramener chez moi.

RIGOLIN
Oui, ma tante ! (à part)
Quelle corvée !

ARTÉMISE(à Rigolin. )
Venez !…
(Elle passe devant.)

BAMBOCHE
Eh ! bien, et moi ?

RIGOLIN
Ah ! oui… Gentillac, je te la confie.

ARTÉMISE(du dehors. )
Eh bien, mon neveu !

RIGOLIN
Voilà, ma tante ! (rageant)
Oh !… (Il sort en répétant.)
Quinze cent mille francs ! Quinze cent mille francs !
(Bamboche et Gentillac se regardent.)

BAMBOCHE
… Et alors ?…

GENTILLAC
Eh bien, alors, voilà !
(Il s'assied et lui prend les deux mains.)

BAMBOCHE
Dites donc… je ne pensais pas qu'on finirait tous les deux ce soir !

GENTILLAC
Non, hein !… ça ne t'ennuie pas ?…

BAMBOCHE
Oh ! non… seulement… faudra pas le dire à Rigolin…

GENTILLAC
T'es bête !…
(Il l'attire sur ses genoux.)

BAMBOCHE(tapotant avec ses deux mains sur les joues de Gentillac. )
Ouh ! coco ! (Puis rejetant sa tête en arrière sur l'épaule de Gentillac avec le ton profond d'un philosophe.)
Ah ! c'est drôle, la vie ! (RIDEAU FIN )

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