(MAXIMILIEN FERNANDE, LE COMTE.)
MAXIMILIEN ( à part.)
Vais-je assister à leurs idylles comme un king-charles ?
LE COMTE
Permettez-moi, mademoiselle, de mettre à profit ces trop coùrls instants… (Maximilien tousse.)
Nous ne sommes pas seuls ?
FERNANDE
Le secrétaire de mon père, M. Gérard.
LE COMTE
Je serais enchanté de faire sa connaissance ; veuillez donc me le présenter.
FERNANDE (à Maximilien.)
Monsieur Maximilien, je vous présente M. le comte d'Outreville, mon fiancé.
LE COMTE (à part.)
C'est moi qu'elle présente?
MAXIMILIEN
Monsieur…
LE COMTE
Charmé, monsieur… (A part.)
Il me déplaît, (un silence. — A Fernande.)
On m'a dit que M. Maréchal ne recevait pas. Serait-il indisposé?
FERNANDE
Il s'est enfermé pour travailler, n'est-ce pas, monsieur Maximilien?
MAXIMILIEN (a son bureau.)
Oui, mademoiselle.
(Un silence.)
LE COMTE
J'ai passé dimanche dernier une délicieuse matinée. J'ai entendu à la Madeleine une messe en musique exécutée par les chanteurs de vos premiers théâtres. L'orgue était tenu par un très bon virtuose.
FERNANDE
Vous aimez la musique?
LE COMTE
Oh! certainement. J'ai remarqué aussi, avec plaisir, que l'église était chauffée.
FERNANDE
Oui, noire piété aime ses aises.
LE COMTE
Et qu'on a raison de les lui donner! Aussi l'église était pleine…à Paris! C'est un spectacle consolant que cette recrudescence de la dévotion publique.
FERNANDE
Qu'en pensez-vous, monsieur Maximilien?
MAXIMILIEN
Je suis bien aise que monsieur soit consolé. Quant à moi, je n'avais pas besoin de consolation ; je suis très philosophe.
LE COMTE
Voulez-vous dire par là que vous n'êtes pas chrétien?
MAXIMILIEN
Si fait, monsieur, je le suis ! A telles enseignes que je pratique le pardon des offenses.
FERNANDE
Le pardon ou le dédain?
MAXIMILIEN
Tous les deux.
FERNANDE
Sans faire de différence entre le repentir et l'endurcis^ sèment?
MAXIMILIEN
Je n'y regarde pas de si près.
FERNANDE
Vous êtes injuste, monsieur.
MAXIMILIEN
C'est possible, mademoiselle; vous en savez plus long que moi sur toutes choses.
FERNANDE (se levant, troublée.)
Ma belle-mère tarde bien; je vais la presser un peu.
(Elle sort.)
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