(MADAME MARÉCHAL MARÉCHAL, LE MARQUIS, LE COMTE.)
MADAME MARÉCHAL
Suis-je aussi de trop ?
LE MARQUIS
Au contraire; je compte sur vous pour m'aidcr à plaider ma cause. Mais, asseyons-nous. (lis s'asseyent.)
Madame, vous n'avez jamais partagé la répugnance de l'ami Maréchal à marier Fernande avec un gentilhomme.
MADAME MARÉCHAL
Je n'ai pas les mêmes motifs que lui de redouter une alliance aristocratique ; pour moi, ce n'est pas sortir de ma sphère, c'est y,rentrer.
MARÉCHAL
Mon Dieu, mon cher ami, cette répugnance dont vous parlez n'était pas une véritable répugnance, c'était plutôt… comment dirais-je? une modestie peut-être exagérée.
LE MARQUIS
Je l'aurais comprise jusqu'à un certain point, il y a huit jours; mais, aujourd'hui, il n'est pas un gentilhomme qui ne tînt votre alliance à honneur; et la preuve c'est que je viens vous demander la main de ma pupille pour M. le comte d'Outreville, ici présent, unique' héritier de mes biens et de mon nom.
MARÉCHAL
Est-il possible? Quoi! monsieur le marquis, vous consentiriez…?
MADAME MARÉCHAL (bas, à son mari.)
De la dignité, monsieur. (Haut.)
Nous sommes très touchés, monsieur le marquis, de la demande que vous voulez bien nous faire; mais nous devons, avant tout, consulter le coeur de notre chère Fernande.
MARÉCHAL
Ah ! c'est vrai.
LE MARQUIS
Rien de plus juste, madame; mais ne pourrait-on pas le consul 1er tout de suite ? Verriez-vous un inconvénient à ce que mon cousin plaidât lui-même sa cause auprès de Fernande ?
MARÉCHAL
Aucun, marquis, aucun.
MADAME MARÉCHAL ( bas.)
Vous vous jetez à leur tête.
LE MARQUIS
Et vous, madame ?
MADAME MARÉCHAL
Je trouve tout cela bien irrégulier.
LE MARQUIS
Je le sais; mais l'étiquette ne peut-elle pas avoir un peu pitié de l'impatience de ce jeune homme? (Bas, au comte.)
Parlez donc !
LE COMTE (froidement.)
Je vous en supplie, madame.
MADAME MARÉCHAL
Puisque tout le monde le veut…
MARÉCHAL
Allons donc! Envoyez-nous Fernande, ma chère. (Bas.)
Et prépare-la un peu.
MADAME MARÉCHAL
Encore une fois, tout cela est bien rapide… Enfin ! je me rends.
(Elle sort.)
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