(LES MÊMES, LA BARONNE.)
MADAME MARÉCHAL (montrant un siège à la baronne.)
Savez-vous, chère baronne, que vous nous gâtez ?
LA BARONNE (debout.)
Hélas! madame, je viens aujourd'hui, bien à contre-coeur, chargée d'une mission qui ne vous surprendra certainement pas, mais dont le pénible devoir appartenait plutôt à M. d'Auberive qu'à moi… M. d'Outreville en a jugé autrement, et, malgré ma répugnance à me mêler de choses aussi délicates, il a fallu me rendre à ses instances.
MADAME MARÉCHAL
Il reprend sa parole? (A Fernande.)
Là! que vous disais-je? Voilà le fruit de vos excentricités! Après la scène d'hier, cette rupture est un désastre pour vous !
LA BARONNE
N'exagérons pas, madame : la situation de mademoiselle Fernande reste intacte. M. d'Outreville, en vrai gentilhomme, a reculé devant une rupture tant qu'elle pouvait donner lieu à des interprétations fâcheuses pour sa fiancée; mais le discours de M. Maréchal a levé tous ses scrupules.
FERNANDE
Mon père a parlé ?
LA BARONNE
Oui, mademoiselle… C'est en sortant de la Chambre que M. d'Outreville est accouru chez moi, indigné de celle volte-face inqualifiable.
FERNANDE
Volte-face !
LA BARONNE
Comment voulez-vous appeler cela? J'admets que M. Maréchal se soit trouvé froissé, qu'il ait refusé de comprendre les raisons de haute convenance qui ont déterminé le comité à faire choix d'un autre orateur…
MADAME MARÉCHAL
Un autre orateur?… que voulez-vous dire?
LA BARONNE
Ne savez-vous pas qu'on lui a retiré le discours pour 1R donner à M. d'Aigremont?
MADAME MARÉCHAL
Mais nous sommes bafoués, madame !
FERNANDE
Vous disiez cependant que mon père a parlé.
LA BARONNE
Hélas ! oui. Il s'est levé après M. d'Aigremont, à la grande surprise de nos amis, et, à leur plus grande indignation, il a lu une réponse furibonde aux nobles paroles qu'on venait d'entendre.
MADAME MARÉCHAL
Quelle horreur ! nous voilà au banc de l'opinion
LA BARONNE
Je le crains, madame. M. d'Outreville a quitté la séance; il est venu chez moi : vous savez le reste.
FERNANDE
Dites-lui, madame, qu'il n'avait pas besoin de redemander sa parole : mon père la lui a rendue.
LA BARONNE
Cette réponse est digne de vous, mademoiselle. Adieu, madame. Je prends part, croyez-le bien, à la douleur que vous cause la conduite de M. Maréchal, (A part.)
Dans un mois, je porterai d'azur à trois besants d'or.
(Entre Maréchal.)
FERNANDE (lui sautant au cou.)
Mon père !
(Maréchal salue gracieusement la baronne, qui sort sans le regarder.)
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