(MADAME MARÉCHAL MARÉCHAL, FERNANDE.)
MARÉCHAL (à Fernande.)
D'où vient à la baronne cet air de princesse
MADAME MARÉCHAL
Vous le demandez?…
MARÉCHAL
Ah! vous savez déjà?… Eh bien, tant mieux!
MADAME MARÉCHAL
Apostat !
(Fernande se met à sa tapisserie.)
MARÉCHAL
Tout beau, madame Maréchal! S'il y a eu apostasie de ma part, c'est le jour où j'ai abandonné les principes de mes pères, et non le jour où j'y reviens. Je suis un roturier, si vous ne le savez pas !
MADAME MARÉCHAL
Ah ! si j'avais pu en douter…
MARÉCHAL
Mon nom n'est pas même un nom, c'est un sobriquet ; j'ai eu parmi mes aïeux un maréchal, pas un maréchal de France, entendez-vous? un maréchal ferrant. Libre à vous d'en rougir; moi, j'en suis fier.
MADAME MARÉCHAL
Juste ciel ! A quoi me suis-je exposée en me mésalliant !
MARÉCHAL
Laissez-moi donc tranquille avec votre mésalliance ! Vous êtes de la Vertpillière comme je suis de Saint-Cloud.
MADAME MARÉCHAL
Monsieur !
MARÉCHAL
Votre nom est Robillard; votre arrière-grand-père était procureur.
MADAME MARÉCHAL
Monsieur! monsieur! respectez au moins ma famille.
MARÉCHAL
Eh! madame, elle n'est pas respectable… Je ne vous en estime que plus d'ailleurs; je n'ai pas de préjugés, moi. Je méprise la noblesse ; la seule distinction que j'admette entre les hommes, c'est la fortune.
MADAME MARÉCHAL
Si vous méprisiez la. noblesse, elle vous le rend bien. M. le comte d'Outreville nous a déjà signifié par la baronne qu'il n'épousait pas la fille d'un démagogue.
MARÉCHAL
Vraiment ! Il ne me fait plus l'honneur d'empocher mes écus, ce gentillâtre râpé ? M. le comte d'Argencourt me casse aux gages ? Il me destitue de son alliance? Comme ça se trouve ! J'allais lui donner ma démission.
MADAME MARÉCHAL
Ah ! monsieur, votre langage, s'abaisse avec vos. sentiments ; vous devenez commun.
MARÉCHAL
Je parle à la bonne franquette, comme il sied à un homme libre. Loin de moi l'afféterie des cours :
(Fredonnant.)
Je suis du peuple ainsi que mes amours… soit dit sans vous offenser, mademoiselle Robillard.
MADAME MARÉCHAL
Vous êtes un révolutionnaire, un cannibale, voilà ce que vous êtes !
MARÉCHAL
Te nez, vous me faites sourire ! C'est tout l'effet que doivent produire sur la véritable force les emportements de la faiblesse.
MADAME MARÉCHAL
Je vous cède la place, monsieur.
MARÉCHAL
Rentrez dans le gynécée; et tenez-vous-y dorénavant.
(Elle sort indignée.)
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