Poésies 1865-1866
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La Pointe du Raz

Sully Prudhomme

La Pointe du Raz

Au bout du sombre Finistère,
D’énormes rochers au pied noir
Protègent contre l’eau la terre.
On les entend parler le soir :

« Hélas ! depuis combien d’années
Brisons-nous l’onde au même lieu ?
Toutes les pierres sont damnées,
Les vivants seuls plaisent à Dieu.

« Pour qui faisons-nous sentinelle ?
Pour des favoris étrangers !
Et notre ruine éternelle
Garantit leurs toits passagers.

« Les jours de ces fragiles choses
Ne seront-ils jamais finis ?
Qu’ils s’achèvent ! La fin des roses
Sera le repos des granits.

« Mais patience ! La rancune
Est l’âme du vieil Océan ;
Depuis bien des retours de lune
Le déluge prend son élan ! »


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